Dans sa camionette-épicerie, Maude Lejeune sillonne les route du Livradois-Forez pour livrer ses clients dans les villages les plus retirés du Puy-de-Dôme. Un moyen pour la jeune femme de relancer le commerce de proximité dans la région, mais aussi de discuter avec des habitants parfois très isolés.
Maude Lejeune a choisi une vie sur la route. En mai dernier, cette jeune femme de 27 ans a créé son épicerie ambulante. « Aujourd’hui, on va faire 110 kilomètres » prévient-elle en s'installant au volant.
À bord de sa camionnette, elle sillonne le Livradois-Forez, se rend de village en village, de hameau en hameau. Elle limite son champ d'action à cinquante kilomètres autour d'Augerolles, la commune où elle habite.
Ici tout est bio et local
Son épicerie roulante s’arrête souvent sur des places de village pour attendre les clients. Des clients satisfaits de rompre l’isolement de leurs villages, où les commerces tendent à disparaître. « Je suis très contente depuis qu’elle passe, s’exclame Simone Tissandier, une cliente régulière. Parce qu’ici, il n’y avait rien du tout. Que le boulanger, une fois par semaine ! Je ne me fais plus de soucis pour mes courses. »« C’est une personne qu’il faut encourager, signale Marie-Claude Dupic, habitante de la Domaye, un village de six habitants appartenant à Olliergues. Parce que je ne sais pas s’il n’y en aurait beaucoup qui voudraient se lancer aujourd’hui ».
Maude Lejeune a beaucoup voyagé avant de devenir épicière. Elle a grandi en Belgique, puis, une fois arrivée en France, est devenue vendeuse dans des magasins bio. Elle a ensuite découvert de ce petit coin d'Auvergne en pleine nature, en pleine campagne. C'est là qu'elle souhaite vivre.
« J’aime bien faire la route, discuter, voir les gens toutes les semaines. Ça apporte quelque chose à ceux qui ne peuvent pas prendre la voiture ou qui ne voient pas beaucoup de monde. Et ça c’est chouette. »
Un espace « où tout est possible »
Maude Le jeune a relancé un commerce d'autrefois, mais avec des produits d'aujourd'hui. Ici tout est bio et local. En plus de fournir ses clients, elle doit aussi prévoir, sur son itinéraire, de passer chez ses fournisseurs.Elle s’arrête par exemple chez Loïc Ballot, qui élève des poissons. « Elle nous prend par petite quantité, mais mis bout à bout, ça fait quand même une quantité raisonnable, souligne-t-il. Elle est à Augerolles et nous aussi, donc autant qu’on s’entraide »
Maude Lejeune se désole malgré tout de la désertion du Livradois-Forez. Mais ça ne peut que repartir. C'est un espace où tout est possible selon elle. « Il y a un objectif d’atteint : c’est celui d’avoir créé mon job. Ce qui me fait tenir, c’est que je suis persuadée que ça va marcher. Il faut que les gens s’habituent. Le changement, ça prend un peu de temps ! »