Témoignage. Compagnon d’Emmaüs, il confie : « Ils m’ont aidé à avoir une vie ici »

Publié le Écrit par Solenne Barlot
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Depuis l’âge de 12 ans, Mamadou Oury est sur les routes, à la recherche d’une vie meilleure. C’est finalement chez les compagnons d’Emmaüs qu’il a trouvé un nouveau départ en 2019, à Puy-Guillaume (Puy-de-Dôme). Il raconte son parcours.

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Mamadou Oury vient de Guinée Conakry. A 21 ans, il a passé une partie de sa vie sur les routes, à la recherche d’une vie meilleure. Il est arrivé il y a un peu plus de 4 ans à Puy-Guillaume (Puy-de-Dôme), où il a intégré la communauté des compagnons d’Emmaüs, après des années de galère : « Je suis un migrant. Je suis passé par le Mali, le Niger, le Burkina et la Lybie. J’ai traversé la mer Méditerranée pour venir en Italie, puis en France. Je suis resté 2 ans sur la route. J’étais mineur quand j’ai quitté mon pays, j’avais 12 ans. Je suis allé travailler au Mali comme vendeur de cola. Quand j’ai eu un peu d’argent, quelqu’un m’a aidé à passer au Niger. Quand je suis arrivé, on m’a mis en prison. J’y suis resté 4 mois. Un monsieur m’a aidé à m’échapper et à traverser la mer. »

Une intégration facilitée

Après un passage en Italie, il arrive finalement en France, où il trouve une main tendue chez un bénévole d’Emmaüs. « Je suis arrivé à Emmaüs en 2019. Avant, j’étais à Lyon. Je dormais dans la rue. J’ai rencontré un bénévole. Il m’a hébergé chez lui pendant 2 ans. C’est grâce à lui que je connais Emmaüs. J’ai cherché de la place à Lyon, il n’y en avait pas. J’ai fini par trouver une place à Puy-Guillaume et on m’a accueilli ici. » Mamadou Oury découvre alors la vie de la communauté, qui lui offre un travail, mais pas seulement : « En arrivant, je ne savais pas ce qu’étaient les compagnons. Je n’avais pas de métier. Ils m’ont appris beaucoup de choses. On m’a appris à trier les marchandises, les réceptionner… Ils m’ont aidé à m’intégrer et à avoir une vie ici. »

Chacun sait ce qu’il doit faire. Il faut être motivé pour devenir un compagnon.

Mamadou Oury, compagnon d'Emmaüs

Dès 8 heures, il est sur le pont. Il faut réceptionner les dons, les trier, les ranger et tout mettre en place avant l’arrivée des premiers clients à 9 heures. « On travaille 5 jours par semaine, ou 5 jours et demi. Il y a des jours où on va faire la vente, d’autres jours on fait autre chose. Chaque compagnon a une tâche. Quand on vient ici, à la communauté, tout le monde a sa place. Il faut que tout le monde fasse sa part. Il faut bien travailler, car la communauté fonctionne grâce aux ventes », raconte Mamadou Oury.

Une vie en communauté

En tant que responsable de magasin, il réceptionne certaines marchandises et s’occupe entre autres de la vente : « C’est un métier culturel. Il y a beaucoup de cultures ici. On se rassemble, on découvre la culture des autres. On est une cinquantaine à Puy-Guillaume. Je connais tous les compagnons qui sont là. Il y a beaucoup d’échanges. On fait des activités ensemble, on fait de la peinture, on joue au foot, on prend des cours de français… » La communauté lui a également offert une chance de s’intégrer en dépassant la barrière de la langue : « Grâce à Emmaüs, j’ai appris la langue. Quand je suis arrivé en France, je ne parlais pas bien mais les enseignants m’ont aidé et soutenu. J’ai même passé mon examen du B1 et j’ai réussi à l’obtenir. » L’intégration passe aussi par le contact avec ceux qui viennent acheter chez Emmaüs : « C’est très convivial avec les clients. Il y a toutes les catégories, les vieux, les jeunes… Il y a des gens qui viennent se promener, qui cherchent le coup de cœur. Il y a des gens qui viennent chercher des choses dont ils ont besoin : des meubles, de la vaisselle, des vêtements… »

"En tant que responsable, j’apprends aux nouveaux"

Il vit désormais à Puy-Guillaume, entouré d’autres compagnons qui, comme lui, sont venus en Farnce dans l’espoir de démarrer une nouvelle vie : « On est logés dans la cour de communauté et chacun à une chambre individuelle. On mange au réfectoire, on a une salle où on joue au ping-pong, au babyfoot, on regarde des matchs, on passe du temps ensemble. Ce sont des compagnons qui s’occupent de la cuisine. Il y une très bonne ambiance. Quand l’un d’entre nous part, ça nous touche, mais on est heureux pour lui car on sait qu’il va faire autre chose et qu’il atteint son objectif pour l’avenir. On aide aussi les nouveaux compagnons qui arrivent. Moi, quand je suis arrivé, je ne connaissais pas différence entre la brocante et la vaisselle, je ne savais pas trier… On m’a attribué un autre compagnon qui est ancien, qui m’a appris. Maintenant, quand les nouveaux arrivent, j’en forme certains. En tant que responsable, j’apprends aux nouveaux. »

Un accompagnement vers le futur

Mais pour Mamadou Oury, Emmaüs n’est qu’une étape. Dès qu’il le pourra, il souhaite trouver un logement et un travail, pour laisser sa place à un nouvel arrivant : « Quand j’aurais mes papiers, j’aimerais travailler ailleurs. J’aimerais aller à l’atelier d’insertion pour ensuite devenir aide-soignant. L’atelier accueille ceux qui cherchent du travail. Nous, en tant que compagnons, quand on a des papiers, on ne va pas quitter Emmaüs tout de suite. On va aller à l’atelier. Ils nous aident pour obtenir le permis de conduire par exemple, pour s’intégrer, avoir un endroit où se loger et trouver une formation pour avoir un métier. Les responsables sont toujours derrière nous quand on a des difficultés. » Créé par l’abbé Pierre en 1949, le mouvement rassemble aujourd’hui plus de 30 000 personnes (bénévoles, compagnes et compagnons, salariés et salariés en insertion) dans toute la France, est également présent dans 37 pays du monde.

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