Pendant longtemps, beaucoup se sont demandés à quoi servaient les "tras", des trous groupés creusés dans les estives auvergnates. Ce sont en fait des habitations paysannes construites entre le XIVème et le XVIIIème siècle. A Murat-le-Quaire, des passionnés ont décidé d'en reconstituer un.
Si vous regardez avec attention le paysage lors d'une balade sur les hauteurs de l'Auvergne, vous apercevrez peut-être d'étranges trous groupés creusés dans le paysage.
Certains ont cru pendant longtemps qu'il s'agissait de trous d'obus ou à des empreintes d'OVNI. Mais l'explication est plus terre à terre : il s'agit de vestiges de "tras" ("trous" en patois), de petites habitations de paysans du XIVème siècle.
Dans ces 16 mètres carrés, les bergers et leurs familles passaient des étés entiers pendant que leurs bêtes pâturaient. Ces habitations leur servaient aussi de garde-manger ou de stockage pour les fromages. Mais pour les archéologues leur nombre presque incalculable reste un mystère.
"Pourquoi tant de structures en un seul lieu ici, réparties sur quelques dizaines ou centaines d'hectares ?" se demande Frédéric Surmely, archéologue. "Si vous montez plus haut, il n'y en a plus, et puis on va en retrouver de l'autre côté à un ou deux kilomètres. Il y a quelques concentrations ponctuelles, et ce qu'on ignore, ce sont les raisons de ces concentrations."
Une énigme archéologique
Puisqu'il n'en reste presque plus aucune trace, un groupe d'accompagnateur en montagne a décidé de reconstruire un tra à l'ancienne avec les outils d'époque : "pelle, pioche, marteau, hache, scie et pas plus !"Il faudra 115 heures de travail à la seule force des bras pour faire sortir la structure de terre, ce qui permettra ensuite d'informer les randonneurs sur ce patrimoine typiquement auvergnat.
Laurent Dufour, président de l'association Auvergnattitude, s'en réjouit : "nous les tras, en tant qu'accompagnateurs en montagne, c'est quelque chose dont on parle très souvent. Notamment quand on est avec les groupes, on attire l'attention des groupes sur ces trous qui parsèment les estives. C'est quelque chose qu'on manipule au quotidien et qui est méconnu des auvergnats."
La fin des travaux est prévue dans un mois. Des fouilles archéologiques sont prévues en 2017 sur différents sites pour permettre, peut être, de percer le mystère de ces petites maisons auvergnates...