C'est une conséquence inattendue du réchauffement climatique : un refuge de haute altitude situé sur la frontière italo-suisse a désormais changé de pays. Non pas en glissant sur la neige... mais tout simplement parce que le glacier sur lequel il a été construit à près de 3480 m d'altitude a fondu.
Le cas est unique dans les Alpes. Celui d'une bâtisse de 350 mètres carrés... à cheval sur deux pays. Le refuge des Guides du Cervin, construit sur le plateau Rosa, a vu la frontière italo-suisse bouger en conséquence d'une gigantesque fonte des glaces.
"La frontière était sur la droite du refuge, là c'était très haut", explique le gardien Lucio Trucco en montrant une ligne imaginaire au-dessus du toit. "Quand l'eau fondait, elle descendait du côté italien, il y a 30 ou 40 ans. Avec le changement de climat, le glacier a vraiment changé, il s'est abaissé. Et maintenant la ligne de la frontière peut devenir celle qu'il y a sur les rochers."
Ce qui a bougé, c'est la ligne de partage des eaux ayant servi de point de repère aux traceurs de frontières des siècles passés.
Alors, le refuge va-t-il devenir Suisse ?
"Pour le moment, les Etats n'ont pas encore tranché la question", résume Lucio. "Mais on espère qu'ils vont se décider rapidement, parce que l'on doit poser des permis de construire pour rénover le refuge ; mais l'administration italienne ne peut pas les délivrer tant qu'aucun accord n'a été signé entre les 2 pays."Pour les glaciologues, il n'y aucune chance que le refuge fasse machine arrière en terre 100 % italienne.
Si l'acte de propriété de la "Société des guides du Cervin" italienne ne peut être remis en cause, des velléités helvètes se sont tout de même manifestées pour récupérer quelque taxe ou quelque bénéfice du million de skieurs qui fréquente le glacier chaque été.