L'affaire du tunnel de Tende, projet franco-italien dans les Alpes, s'est soldée par l'acquittement surprise de 15 personnes accusées de fraudes après huit ans de procédures judiciaires. Le tribunal de Turin a motivé sa décision par une "inexistence des faits" et des prescriptions pour les délits de faux contestés.
Au cœur des Alpes, le tunnel de Tende incarne depuis des décennies un axe vital entre la France et l'Italie. Pourtant, le projet s’est transformé en un feuilleton judiciaire entre soupçons de fraude, vols et irrégularités.
En mai 2017, la justice italienne soupçonne des fraudes massives sur le chantier, alors réalisé par l'entreprise Fincosit. L’enquête, menée par les autorités italiennes, met en lumière des accusations graves.
Parmi elles, le vol de 100 tonnes de métal, initialement destinées à la structure du tunnel, mais aussi des faux en écriture publique, impliquant des documents officiels falsifiés pour masquer des irrégularités, des violations des normes environnementales et de sécurité ainsi que des fraudes sur les matériaux utilisés, qui soulèvent des interrogations sur la solidité de l’ouvrage.
Un labyrinthe judiciaire
Face à ces soupçons, le chantier a été mis sous séquestre, paralysant les travaux. Quinze personnes et une entreprise ont été renvoyées devant la justice. Les habitants des vallées, confrontés à des routes endommagées et des délais prolongés, ont ainsi vu peu à peu s’éloigner la promesse d’une liaison moderne.
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L’affaire a traversé huit années de procédures longues et complexes. Entre expertises techniques, confrontations et recours, la justice italienne a peiné à démêler les faits. Finalement, elle vient de prononcer un verdict inattendu : l’acquittement des 15 personnes accusées, pour cause "d’inexistence des faits" et de prescription de certains délits, relate le journal La Stampa. Le parquet italien pourrait encore faire appel.
Depuis cette affaire, c'est le consortium d'entreprises Edilmaco qui a repris le chantier.
Un chantier titanesque... et des doutes sur sa gestion
Le tunnel routier de Tende, percé en 1882, relie la vallée de la Roya (Alpes-Maritimes) au Piémont italien. Devenu vétuste et insuffisant face au trafic croissant, le projet de percement d’une seconde galerie, longue de 3,2 km, visait à fluidifier les échanges et renforcer la sécurité.
Avec un budget dépassant les 200 millions d’euros (cofinancé à 42% par la France et à 58% par l’Italie) ce chantier se voulait ambitieux.
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Après plusieurs retards, mais aussi une autre procédure judiciaire antimafia concernant l'une des entreprises d'Edilmaco, un horizon a été fixé en début d'année par le ministre des Transports français Philippe Tabarot. Il a annoncé une réouverture partielle du tunnel pour fin mars ou début avril 2025. La réouverture totale devrait quant à elle avoir lieu pour l'été 2025.