Une cinquantaine d’habitants, de parents d’élèves du quartier Saint-Bruno se sont rassemblés, ce vendredi 18 décembre, devant le collège Fantin Latour de Grenoble pour dénoncer l’éventuelle suppression de postes d’éducateurs de rue dans le secteur.
Au collège Fantin Latour, les éducateurs de rue ne restent pas… dans la rue. En vertu d’une convention signée entre l’établissement scolaire et le Codase, ils passent souvent les grilles pour des temps de parole avec des collégiens, aidant à lutter contre le décrochage scolaire.
Ici, comme dans l’ensemble du quartier Saint-Bruno, ces éducateurs sont donc des visages connus.
Une politique nationale désormais orientée vers la lutte contre la radicalisation. "Moi, je bosse avant le bulbe de la barbe. Quand la barbe pousse, le mal est déjà fait", lance un éducateur.
De l'ingénieur au sans-papiers
Curieusement, le quartier populaire Saint-Bruno ne fait pas partie des quartiers prioritaires en France. Et pour cause, il appartient au "Secteur 1" de Grenoble, cet immense espace allant de la Presqu'île scientifique au Boulevard Joseph Vallier. 36.000 habitants aux profils très variés: de l'ingénieur du CEA au sans-papiers. Le niveau de vie moyen par habitant est donc globalement plus élevé qu'ailleurs. "Y a pire comme situation, donc on a tort de se plaindre! Voilà ce qu'on nous explique", lance Pascal Fouque, représentant de la FCPE à Fantin Latour. "On va nous enlever des moyens qui nous permettent pourtant de bien vivre la mixité, c'est dommage."Il faut dire que cette "affaire" des éducateurs de rue fait suite à d'autres problèmes rencontrés dans les structures sociales du quartier. La Maison Des Habitants, cogérée par le CCAS et l'Association du Centre Social Chorier Berriat, a dû aussi s'adapter à la baisse des subventions municipales. Il faut faire avec un poste de 30 heures en moins et un autre de 6 heures supprimé pour gérer le Centre de Loisirs, le lieu d'accueil parents/enfants, le jardin partagé, l'accompagnement des projets des habitants...
Grâce à sa bonne gestion passée, la MJC Parmentier a, elle, pu "résister" à la perte de 70.000 euros sur 2014-16 pour un budget de 600.000. Mais pour l'avenir, on s'interroge.
C'est de ce contexte de "crise" du soutien aux personnes en difficulté que les habitants de Saint-Bruno se sont aujourd'hui mobilisés. La dernière fois que certains s'étaient ainsi retrouvés dans la rue c'était en juin. Un rassemblement citoyen contre les rixes à répétition sur fond de trafic de drogue.