Après 7 mois de fermeture temporaire, faute d’argent, l’Hirondelle, centre de soins pour animaux sauvages, situé dans le Rhône, vient de rouvrir. Mais sa situation financière reste très précaire alors que le nombre d’animaux en souffrance ne cesse d’augmenter.
"La saison des martinets va débuter. Ce sont des oiseaux qui passent l’essentiel de leur vie en vol et lorsqu’ils sont blessés, ils sont incapables de redécoller. Ce sont donc nos principaux "patients" en cette saison". Laetitia, saisonnière, fait partie de la vingtaine de personnes, salariés, jeunes en service civique et bénévoles, qui font vivre le centre Hirondelle.
L'Hirondelle est le deuxième plus grand centre français de soins pour animaux sauvages, il intervient dans le Rhône, la Loire, la Drôme et l’Ardèche, mais il a dû fermer temporairement en octobre dernier, faute de financements. Un effet de la baisse des subventions accordées par les collectivités locales.
Des bâtiments rénovés et de nouvelles volières
Malgré tout, cette fermeture contrainte a été mise à profit sur le site principal de Saint Forgeux (Rhône) pour rénover un bâtiment dédié aux petits mammifères sauvages et pour installer cinq nouvelles volières. Les quelque 350 000 euros nécessaires aux travaux ont pu être réunis grâce en particulier à des dons, mais il manque encore au centre près de 150 000 euros cette année pour financer la prise en charge des animaux.
Depuis sa création en 1998, le centre implanté à Saint Forgeux et Dardilly, dans le Rhône, et à Crest dans la Drôme, a soigné plus de 40 000 animaux, pour l’essentiel des oiseaux, mais aussi de petits et moyens mammifères, comme le renard, avant de les réintroduire dans leur milieu naturel. L’association assure également une mission de suivi sanitaire de la faune sauvage.
L’Hirondelle a pu rouvrir le 2 juin et en une seule journée, près de 50 animaux sont arrivés, même depuis le fin fond de la Drôme ! Mais c’est une véritable course contre la montre qui est engagée aujourd’hui pour boucler le budget. Une cagnotte est toujours en ligne, qui a permis pour l’instant, de recueillir 231 000 euros sur les 310 000 indispensables.
Dix centimes par an et par habitant
"On a fait le maximum pour rouvrir au plus tôt. Mais là, notre budget nous permet juste de passer l’été. Au-delà, si personne ne bouge, on risque de fermer définitivement", s’alarme Pascal Tavernier, le directeur du centre. Car pour assurer un financement pérenne au centre Hirondelle, il faut que les communes et les communautés de communes s’engagent.
"Nous leur proposons une convention de subvention qui prévoit une participation de 10 centimes par an et par habitant. A titre de comparaison, la participation des communes pour un service de fourrière va de 70 centimes à 1 euro par an et par habitant. On est très raisonnable", souligne Pascal Tavernier.
Pour l’instant moins d’une centaine de communes du Rhône (sur les 268 que compte le département) ont répondu favorablement. Le contexte, qui additionne période électorale et crise sanitaire, complique considérablement la donne.
Du côté de la Métropole lyonnaise et de la Ville de Lyon, sollicitées avant le premier tour des municipales, seuls David Kimelfeld, EELV et Yann Cucherat se sont engagés à adopter la convention de financement. "Mais pour l’instant, forcément, rien ne bouge", déplore Pascal Tavernier.
Alors que le nombre d’animaux sauvages recueillis et soignés par le centre Hirondelle croit d’année en année (40% de plus entre 2018 et 2019), la fermeture définitive du seul centre rhônalpin dédié aux soins de la faune sauvage serait un paradoxe tout à fait désespérant.