Le football amateur français est dans la tourmente. Beaucoup de club risquent de ne pas survivre à la crise. Pour les aider, la Fédération Française de Football a débloqué une aide de 30 millions d'euros. « Trop peu », pour le Président de l'AS Saint-Priest.
Le football amateur va-t-il pouvoir surmonter la crise sanitaire ? Comment va-t-il amortir les pertes liées au Covid-19 ?
Pour l'y aider, la FFF a annoncé jeudi 4 juin un « fonds de solidarité exceptionnel » (https://www.cnews.fr/sport/2020-06-04/30-millions-deuros-pour-aider-le-football-amateur-964271) : 30 millions d’euros pour « soutenir la reprise d'activités » des quelques 14 000 clubs amateurs français. Concrètement : cela fait 10 euros par licencié. Sur le terrain, les clubs continuent pourtant de faire les comptes et de constater leurs pertes. Le Président de l'AS Saint-Priest, Patrick Gonzalez, regrette des aides « trop faibles », bien loin des besoins « réels » du football amateur français.
« Ca ne nous satisfait absolument pas, c'est une goutte d'eau ! Nous avions réclamé 300 millions d'euros d'aides de la FFF et nous n'avons pas été entendus » s'insurge sur notre antenne Patrick Gonzalez, qui avait, en temps que porte-voix de l'Association française du football amateur, lancé une pétition pour réclamer un fonds de soutien.
« Ca ne nous servira pas à grand chose. Par exemple dans notre club nous avons 550 licenciés, cela représente donc 5500 euros et il faudra créer un compte, comme les chèques vacances, pour les réclamer », explique-t-il. « Nous avons 20 salariés, nous sommes à l'identique des autres clubs de la région et de France, c'est une aide qui est minime. A titre d'exemple, dans le rugby, ils ont donné 124 euros par licencié. Donc c'est vraiment très faible », dénonce-t-il.
Lancement d'une pétition
Dans cette pétition lancée mi-mai, Patrick Gonzalez dénonçait également un « manque d'équité » et des « décisions arbitraires », celles de valider des relégations dans les championnats amateurs, accentuant les difficultés de structures bénévoles déjà éprouvées par la crise actuelle. Ce n'est pas l'arrêt du championnat que dénonce l'AS Saint-Priest, mais ses conséquences. Alors qu'il restait encore neuf matches à jouer avant la fin de la saison, le club a été relégué à un moment où, selon son Président, il était en position défavorable. « Comme toutes les autres fédérations de sport en France l'ont fait, que ce soit le waterpolo, le rugby, le handball et le volleyball, il aurait fallu décider soit de faire une saison blanche, soit de n'autoriser aucune descente : à décisions exceptionnelles, mesures exceptionnelles ! », regrette-t-il.
La rentrée s'annonce difficile
Menacé financièrement, l'AS Saint-Priest s'apprête donc à affronter une rentrée difficile. « A cause de cette relégation, nous perdons déjà dans notre bilan plus de 250 000 euros, et nous avons fait appel. Si nous descendons en N3, le bilan sera imputé pratiquement de 400 000 euros donc moins de licenciés, moins de salariés. Ca va être une hécatombe et pas seulement pour l'AS Saint-Priest, mais pour beaucoup de clubs en France », prévient-t-il. Dénonçant « une injustice totale », Patrick Gonzalez a décidé, avec un collectif de 3900 clubs, de saisir le Conseil d'Etat et d'attaquer la FFF.
Une lettre ouverte envoyée à la Ministre des Sports pour qu'elle intervienne directement dans le fonctionnement de la FFF
« Aujourd'hui nous sommes environ 14 000 clubs, et il n'y a que 216 grands électeurs qui élisent le Président de la Fédération Française de Football. Alors que nous, clubs amateurs, nous représentons 99% du football français dans sa globalité, nous ne pouvons pas élire notre président... C'est anti-démocratique ! Le Président Macron avait dit qu'il remettrait le football amateur au centre de tout et qu'il lui redonnerait le pouvoir, aujourd'hui ce n'est pas le cas, aujourd'hui c'est une dictature ! »
conclut Patrick Gonzalez.