Face à la recrudescence des violences conjugales, le ministère de la Justice lance le casque de réalité virtuelle, pour se mettre à la place des victimes. Lyon participe à l'expérimentation, qui durera un an, à partir d'octobre. Objectif : lutter contre la récidive chez les hommes condamnés.
Le ministère de la Justice lance une expérimentation pour lutter contre la récidive chez les hommes condamnés pour violences conjugales.
Cette expérimentation se fera à travers un nouveau dispositif, le casque de réalité virtuelle. Elle commencera début octobre et durera un an.
Lyon fait partie des villes qui participent à cette expérimentation qui se fait avec des personnes condamnées et suivies en milieu ouvert. Dix hommes ont été choisis. Ils sont volontaires.
"On a privilégié les profils qui ont le plus de chance de récidiver", précise la Chancellerie.
En immersion dans une famille pour comprendre et faire comprendre
Le dispositif prévoit une "immersion totale". Le casque de réalité virtuelle propulse son utilisateur dans le quotidien d'une famille, un couple et son enfant, où les violences conjugales règnent.
Le scénario a été élaboré en lien avec des experts spécialisés en violences conjugales pour aborder différentes thématiques. L'histoire d'une famille est divisée en sept séquences, sur plusieurs années.
A travers cette immersion virtuelle, il s'agit de comprendre comment se fait l'emprise, les violences psychologiques subies, la violence physique...
"C'est une sorte de machine à empathie", qui permet de faire vivre les émotions ressenties par les victimes, et notamment "de faire comprendre la peur" à des hommes qui sont souvent dans le déni, explique Guillaume Clere, fondateur de la star-up Reverto, qui a collaboré avec le ministère pour ce projet.
Le but est aussi de faire prendre conscience de ses gestes à l'auteur des violences conjugales. "C'est un outil, un moyen d'ouvrir le dialogue", qui sera utilisé dans le cadre du travail fait avec les services d'insertion pénitentiaire qui suivent ces personnes, précise la Chancellerie.
Ainsi, l'utilisateur se met tour à tour dans la peau de l'homme, de la femme, et de l'enfant, cela à travers différentes scènes de la vie quotidienne.
Il pourra également être utilisé comme outil pour former notamment magistrats et policiers à mieux appréhender les violences conjugales
Deux autres villes françaises participent à l’expérimentation, Meaux avec des personnes condamnées et suivies en milieu ouvert et Villepinte, avec des détenus.
Le projet sera évalué de manière indépendante, avant son éventuelle pérennisation. Il complètera alors un autre dispositif mis en place il y a un an, le bracelets anti-rapprochements.
Ce dernier fait partie des mesures mises en place pour tenter d'enrayer la progression des féminicides. 90 femmes sont mortes en 2020 sous les coups de leurs conjoints, 146 en 2019.