Chaque année, environ 300 élèves s’initient à la danse Hip-Hop dans les salles des bâtiments Pôle Pik. Créé par le célèbre chorégraphe Mourad Merzouki et installé à Bron, en banlieue lyonnaise, ce centre culturel a été conçu pour partager et ouvrir tous les horizons de la danse Hip-Hop.
Dès que l’on arrive à Pôle Pik, on tombe d’abord forcément sur Claire Morel, la coordinatrice du centre culturel. Elle s’occupe de mettre en relation les élèves, les parents et les professeurs, mais elle fait aussi plein d’autres choses. «Il y a beaucoup d’organisation, Mourad Merzouki a eu l’idée de créer ce centre chorégraphique pour recevoir les amateurs de danse, mais aussi pour accompagner les artistes dans le développement de leur art, raconte Claire. On met en place des résidences d’artistes, et il y a par exemple une salle ici qui a reproduit tous les éléments d’une scène de théâtre, pour mettre dans les meilleures conditions ceux qui veulent proposer un vrai spectacle de danse». L’intention est aussi de donner aux amateurs de danse Hip-Hop la possibilité de se professionnaliser. «Ça permet aux élèves Pôle Pik de venir danser et travailler au contact de vrais professionnels de la danse, précise la coordinatrice. Et c’est ce lien qui fait la différence».
Et Pôle en Scènes est né
Il y a plusieurs années, à quelques kilomètres d’ici, naissait Pôle en Scènes. La fusion du centre chorégraphique et de l’Espace Albert Camus qui a permis notamment d’accueillir les spectacles des équipes de Mourad Merzouki. Chaque fin d’année s’y déroule le Gala Pôle Pik qui rassemble des amateurs de danse et des professionnels dans des représentations scéniques. Krizix, spécialiste du L.A New Style, est un des professeurs qui prépare l’événement. «C’est la troisième année que je fais ça, commente-t-il. Je prends énormément de plaisir. Il y a de tout dans mes cours, c’est ça que j’aime». Cet amoureux du Hip-Hop et jeune trentenaire a commencé à enseigner la danse à 20 ans. «J’aime cette danse depuis que je suis tout petit, se souvient-il. Je ne viens pas d’un quartier populaire, mais cet art m’a touché. J’aime ce qu’il permet d’exprimer. Et d’ailleurs, c’est à ça qu’on reconnait que c’est un art, c’est que je ne crois pas qu’on soit obligé de venir d’un quartier pour danser le Hip-Hop aujourd’hui».
Kader et l’héritage culturel
En arrivant, on nous l’a montré du doigt parce qu’on ne le voyait pas dans la foule. Kader Belmoktar a la cinquantaine, les rides des premiers beurs et le pantacourt à l’ancienne. Il prépare le final, la partie la plus importante du Gala. «Ça fait 25 ans que je travaille avec Mourad, raconte Kader. Le Hip-Hop j’ai commencé à le danser dans des parcs en bas de chez moi». Il a grandi à Lyon. Il a tout vu de la banlieue, il en a vécu des guerres. Un de ces monuments des mouvements culturels de quartiers. Le sourire et la musique Raï au bout des lèvres. «Nous, on faisait ça quand on était gamins parce que ça ne nous coutait rien, se rappelle-t-il. Pour faire du tennis fallait acheter des raquettes, pour danser tu n’as besoin que de ton corps. On se mettait sur l’herbe et on essayait les trucs qu’on avait vus à la télé».
La liberté et l’arrivée d’un mouvement qui allait changer la face des cités de France. «Il y avait autre chose aussi, c’est qu’on pouvait venir comme on était, rajoute-t-il. Il y avait un ami à nous qui était en surpoids et je me souviens que quand il dansait c’était magnifique. Mes pas de danse à moi et les siens, ce n’étaient pas les mêmes».
Quand on est entrés, il regardait la feuille qu’il avait entre les mains et levait la tête sur les mouvements des élèves qui venaient et sortaient de la pièce. Quelle beauté, fallait voir. C’était l’histoire d’un mec de quartier, qui expliquait à des gens de tous âges et de toutes les couleurs, comment danser sur la musique qu’il a commencé à écouter dans des parcs.
On les a attendus dans les bistrots lyonnais et les vernissages parisiens, mais les héritiers de l’art culturel français sont aussi dans les centres culturels des quartiers populaires.
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