La profession d'ambulancier pousse un coup de gueule. "Pas accès aux masques et aux équipements de protection individuelle indispensable pour éviter toute contamination des conducteurs et des patients", les ambulanciers lancent un ultimatum aux autorités sanitaires.
"On nous a lâchés comme des merdes, on est les oubliés", une ambulancière du Rhône pousse un coup de gueule contre les pouvoirs publics.
La profession d'ambulancier, maillon essentiel de la chaîne des soins notamment en lieu rural, n’a pas accès aux masques et aux équipements de protection individuelle indispensable pour éviter toute contamination des conducteurs et des patients. Les ambulanciers lancent un ultimatum aux autorités sanitaires.
Corinne Buatois vient de mettre ses six conducteurs en chômage technique. La mort dans l’âme et contre l’avis de ses salariés, elle a décidé de ne plus mettre leur vie et celle des patients en péril. "Il est hors de question que je les envoie au casse-pipe" lâche-t-elle dans une colère qu’elle a du mal à contenir.Les autorités sanitaires se renvoient la balle sur les conditions de transports non-urgents.
Son entreprise d’ambulance basée à Saint-Andéol-le-Château dans le Rhône n’est plus en mesure de respecter les règles d’hygiène et de sécurité imposées par la lutte contre le Coronavirus. Impossible aujourd’hui de trouver des masques et encore moins des équipements de protection (combinaisons, gants, lunettes, charlottes, gel…). Les ambulanciers ne font pas partie des professions prioritaires pour accéder aux stocks de masques délivrés par les pharmacies.
Depuis le début de la crise, la présidente du syndicat des ambulanciers du Rhône estime avoir perdu au moins 70% de son chiffre d’affaire.On nous a lâchés comme des merdes - dénonce la chef d’entreprise qui a repris les ambulances Andéolaises en 2004. On a récupéré des masques chirurgicaux mais ils sont tous fins et ne nous protègent pas. Très franchement, on est dépassé !
A cela s’ajoute les protocoles de désinfection particulièrement lourds lorsque ses ambulances sont requises par le SAMU. Avant chaque transport de personnes suspectées d’être infectées par le Covid 19, le véhicule doit passer par le SAMU basé à HEH à Lyon. La cellule et tout le matériel qui s’y trouvent sont entièrement désinfectés. L’opération prend en moyenne 45 minutes. Les conducteurs perçoivent alors un équipement complet de protection.
Une fois le patient déposé aux urgences, l’opération doit être renouvelée pour éviter la présence potentielle du virus dans le véhicule. "Cette organisation, mise en place par la SAMU dès le début de l’épidémie, est sans faille et même exemplaire au niveau national" affirme Bruno Basset.
Le président de l’ATSU 69 (l’association des transports sanitaires urgents regroupe une cinquantaine de sociétés sur le département) se félicite de ce qu’il appelle des "points de passage obligés" qui évitent que les ambulances ne soient un vecteur de propagation du virus grâce à une désinfection rigoureuse et une traçabilité absolue.
Comme Corine Buatois, l’inquiétude de l’ATSU porte en fait sur les transports médicaux non-urgents (dialyse, chimiothérapie, radiothérapie etc.). Faute d’approvisionnement suffisant en équipements de protection individuelle, les ambulanciers ne peuvent plus respecter les normes imposées par les établissements hospitaliers.
On est les grands oubliés de la chaîne de soins - lance la chef d’entreprise de Saint-Andéol - nous aussi nous sommes en première ligne de ce combat. On fait de l’humanitaire mais les autorités sanitaires sont sourdes à nos demandes.
La colère des ambulanciers est attisée par les réponses de l’Agence Régionale de Santé (ARS) qui "ne s’estime pas légitime sur le sujet et les renvoie soit aux pharmacies soit à l’agence Santé Publique France".
Ce mercredi 25 mars, l’association a décidé de lancer un ultimatum à l’ARS sous peine d’organiser une conférence de presse en urgence pour médiatiser les risques qui pèsent sur l’organisation de la chaîne des soins particulièrement en milieu rural.Dans cette histoire, chacun se renvoie la balle" affirme l’ATSU.
En attendant une réponse rapide des autorités sanitaires, les ambulanciers s’organisent et c’est le système D qui prévaut. Avec l’aide d’un fabricant lyonnais de brancard, Bruno Basset a, par exemple, mis au point une tente constituée d’une bâche en PVC qui recouvre le patient et l’isole pendant son transport.
Corinne Buatois, quant à elle, se démène pour trouver des masques. Elle a lancé un appel à la générosité dans son réseau et sur Facebook. Des entreprises locales ont déjà répondu à sa demande désespérée et même des patients âgés se proposent d’en fabriquer chez eux. "Notre profession, c’est d’accompagner nos patients, au plus proche, de les rassurer et ils ne nous le rendent bien!"