Accusant un certain dédain de la part du gouvernement, l'abbé Timothée Pattyn, de la paroisse de la Trinité en Beaujolais, à Villié-Morgon dans le Rhône, réclame le retour des offices religieux. A l'heure du déconfinement, les lieux de cultes doivent rester fermés. Une injustice pour l'Eglise.
Dans une vidéo postée le 6 mai dernier, sur la chaîne Youtube de sa paroisse, l'abbé Timothée Pattyn faisait part de son indignation.
Alors que le lundi 11 mai s'annonçait pour nombre de Français comme le jour du déconfinement, les lieux de cultes, eux, sont contraints à une fermeture jusqu'au 2 juin prochain.
Une injustice selon l'abbé Pattyn "L'idée était de faire une vidéo incisive, montrer qu'on a notre mot à dire et que le retour des messes est réalisable, confesse-t-il. Il faut être positif, mais aussi revendiquer ce droit constitutionnel qu'est la liberté de culte".
Un message aux ministres
Dans sa vidéo, l'abbé Pattyn s'adresse directement au Premier ministre, Edouard Philippe, mais particulièrement à Christophe Castaner, ministre de l'intérieur, en charge des cultes.
L'objectif était de leur présenter, en images, les possibles conditions d'accueil du public en vue d'une reprise des offices religieux, en respectant scrupuleusement les gestes barrière en vigueur.
L'abbé Pattyn se veut rassurant et souhaite prouver que tout est possible dans son église : concernant la distanciation, "c'est faisable" rétorque-t-il. Ici, des silhouettes en cartons ont été placées sur les bancs pour représenter les fidèles, gardés à bonne distance, 2 mètres entre eux. "Du gel hydroalcoolique est à disposition dès l'entrée, les gens peuvent ainsi se désinfecter les mains en entrant et en sortant. Nous sommes également en train d'acheter des lingettes pour nettoyer les sièges après la messe".
Sur les bancs, plus aucun livret de chants et de prières.
Les fidèles sont invités à les télécharger et les imprimer eux-mêmes, avant de se rendre à la messe, "on évite ainsi la propagation du virus" affirme l'abbé Pattyn.
L'église en négociation avec l'Etat
Déjà privés de célébrations pasquales en avril dernier, les fidèles et le clergé ne voudraient pas l'être, non plus, pour la Pentecôte. C'est pour cette raison qu'ils réclament au gouvernement, un retour des messes le 29 mai prochain. "C'est en négociation... On nous dit "peut-être", mais on ne sait pas non plus comment..." désespère le curé qui évoque un certain mépris de la part des élus. "C'est un dédain de base. Les chrétiens ne rapportent pas d'argent, ils sont assez obéissants. Seul l'argent compte, donc la spiritualité passe après" déplore-t-il.Le religieux avoue hésiter entre l'obéissance, la raison et "l'envie de leur dire de nous laisser faire ce qu'on a à faire".
En attendant la décision du gouvernement, la paroisse de la Trinité en Beaujolais, qui rassemble habituellement jusqu'à 600 fidèles réguliers, reste très active sur les réseaux sociaux : la messe célébrée en très petit comité est retransmise en direct ou en différé, des points sur l'actualité en période de pandémie sont postés, de même que des méditations.