Masques, gels et prières : les nouveaux rituels de la messe à Monaco post confinement

Depuis le 4 mai, la vie reprend peu à peu son cours à Monaco. La religion aussi. Mais des règles strictes s'imposent désormais pour limiter le nombre de fidèles pendant les offices. Reportage en l'église Sainte-Dévote, pendant la première messe dominicale post-confinement.

Arrivé sur le parvis de l'église Sainte-Dévote de Monaco, la sainte-patronne de la principauté, une petite affichette jaune attire de suite l'oeil : "40 personnes autorisées". Pour rentrer dans l'édifice, il faut passer un premier "barrage" : gel hydro-alcoolique en main, un bénévole fait rentrer un à un les fidèles tout en vérifiant le bon port du masque.
 


À l'intérieur, la première chose qui surprend, c'est le nombre de fidèles présents. "Il y a eu beaucoup de monde lundi, le premier jour du déconfinement. Les gens avaient envie de revenir dans la maison de Dieu", explique Jean-Pierre, secrétaire du conseil pastoral de la paroisse. Mais ce dimanche 10 mai, dans ce pays où la catholicisme est religion d'Etat, à peine une trentaine de fidèles sur les quarante autorisés est venue assister à la messe.
 

"On n'a pas eu peur de venir"

Est-ce lié à l'annonce, la veille, d'un nouveau cas de Covid-19 dans la Principauté ? Impossible de faire le lien. Dans l'église, toutes les mesures de précautions et les gestes barrières ont été déployées. Port du masque obligatoire, désinfection des mains en entrant, 2 personnes par banc et un banc sur deux, bénitiers vidés de leur eau, porte d'entrée toujours ouverte pour éviter de manipuler la poignée...
 
Pendant toute la messe, les fidèles écoutent et récitent les prières derrière leur masque. Ils doivent désormais apprendre à communier à distance, sans contact physique. "On savait que les précautions seraient là, donc on n'a pas eu peur. La famille est chrétienne, c'était important pour nous de venir", expliquent Christine et Domenico.
 

Pourtant, au moment de se donner la "paix du christ", le Covid-19 fait planner un voile de tristesse. "Même en temps de guerre, on a continué à s'embrasser !", précise Robert Ferrua, le diacre. "Quand tout cela sera fini, il faudra reprendre les signes d'amitié et ne pas perdre cette habitude." René Giuliano, le prêtre de l'église Sainte-Dévote, poursuit : "Pour nous, peuple latin, le toucher est très important !"
 

Hommage aux "premiers de tranchées"

Seuls les religieux sont autorisés à laisser tomber le masque, uniquement lorsqu'ils sont autour de l'autel. Pour eux aussi, impossible de se transmettre la "paix de Dieu" comme à l'accoutumée. En ce dimanche, l'homélie est forcément imprégnée par le contexte sanitaire.

"Voilà qu'une épidémie sans précédent a tout bloqué. [Ce virus] provoque une catastrophe planétaire, un cataclysme inimaginable dans les pires scenarios de science-fiction. Tout le système sanitaire est en transe. Les effets sociaux, économiques sont et seront dévastateurs. Le culte même est suspendu."
René Giuliano, prêtre de l'église Sainte-Dévote de Monaco

 

Pourtant, Monseigneur René Giuliano, tient à rappeler : "malgré la déroute sanitaire, [...] nous avons pu être témoins de bien des dévouements de soignants, des premiers de tranchée, et non pas premiers de cordée [...]. Durant toute cette période, qui n'est pas vraiment terminée, prions, agissons pour redécouvrir des points essentiels : la nécessité d'une santé publique plutôt qu'une santé business [...]."

À la sortie de l'office, les quelques fidèles interrogés sont ravis d'avoir pu assister à cette célébration. "Les messes en vidéo, ce n'est pas la même chose ! Il faut essayer de revenir à la normalité", répond Elisabete, venue avec mari et enfants. "Ça nous avait manqué !", poursuit Fey en sortant de l'église avec ses deux filles.
 

Une fois les fidèles partis, dans l'église, c'est un nouveau rituel qui commence : chaque banc utilisé est désinfecté à la main un par un par le sacristain. Les messes, elles, s'enchaîneront toute la journée : cinq au total le dimanche.
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