Au sein de la communauté musulmane, on préconise l'adaptation pour donner une nouvelle dimension à la religion. Entretien avec le recteur de la mosquée de Bordeaux en Gironde, Tareq Oubrou.
Le recteur de Bordeaux Tareq Oubrou l'affirme, le confinement permet de vivre sa spiritualité sans avoir besoin de se rendre à la mosquée.
L' impératif sanitaire n'est en rien une entrave au Ramadan :
Le musulman est capable de se connecter au divin : pour preuve si les portes des espaces sacrés sont fermées, les portes du ciel restent ouvertes.b
Depuis le début du confinement, il n'y a plus de réunions, pas de rassemblements, la prière du vendredi, seule prière collective obligatoire a été suspendue, la pratique de la religion musulmane se fait à la maison, les mosquées sont fermées. Mais pour Tareq Oubrou, les espaces sacrés ne sont pas indispensables à la prière.
Les musulmans l'épreuve de l'épidémie et le message du recteur de la mosquée de Bordeaux Tareq Oubrou >
Le ramadan interdit de boire, de manger, d'avoir des rapports sexuels....de l'aube au coucher du soleil. Les prières de la nuit à la mosquée n'étant pas des obligations, pour les autorités musulmanes : le jeûne et les cinq prières sont des pratiques totalement compatibles avec le confinement. Elles peuvent parfaitement être indépendantes et individuelles.
Si la lecture du Coran est aussi un acte individuel, pratiqué au sein de la famille, il devient un formidable outil d'échange, de réflexion mais aussi d'appaisement voire même de prévention des tensions et des violences.
Et Tareq Oubrou d'ajouter :
Cette crise apporte une nouvelle dimension à la religion , le musulman peut repenser sa foi, son engagement. Cette période est un moyen de réhabiliter notre humanité. Il faut transformer cette contrainte en un bien comme par exemple retrouver une vraie solidarité familiale et sociétale, une générosité de l'esprit et du coeur.
Les commuautés virtuelles actives
Pendant toute la période du ramadam, la communauté musulmane peut s'appuyer sur les communautés virtuelles qui se sont créees et mises en place sous l'égide de la Fédération musulmane de gironde pour des services spirituels.
Des sous groupes se sont également constitués via les réseaux : wathsapp, zoom.... pour discuter et avancer.
Seule question qui reste en suspend à ce jour, celle de la fête de la rupture du jeûne qui doit avoir lieu fin Mai. Les autorités jugent qu'ils ont encore le temps pour aviser.Ce que nous vivons doit nous permettre d'être en conformité avec les enseignements de la religion et de procéder, si nécessaire, à une remise en cause de notre conception du bon et du bien.Il y a toujours un moyen de transformer un mal en un bien.
La préfète de la région Nouvelle-Aquitaine, Fabienne Buccio, doit s'entretenir ce jeudi 9 avril avec les représentants des différents cultes alors que les fêtes religieuses approchent. L'occasion d'aborder ces questions.