À Lyon, le Rhône arrive dans le département qui porte son nom. Capitale de l'Empire gallo-romain, à la confluence entre la Saône et le Rhône, la ville partage une histoire forte avec son fleuve.
Après avoir quitté le Lac Léman, le Rhône traverse la Savoie, la Haute-Savoie, l'Isère et arrive dans le département qui porte son nom. À Lyon, chef-lieu du département, le fleuve vient rencontrer son affluent la Saône. La ville à la confluence se retrouve au fil du temps grignotée par les Lyonnais en quête de place. Ils y construisent édifices après édifices.
À commencer par l'Hôtel-Dieu, considéré comme "le monument le plus beau de Lyon". "Il tenait tous les gens, tous les étrangers qui venaient du Dauphiné", explique Jean-Luc Chavent, compteur des rues de Lyon.
L'Hôtel-Dieu, héritage des pontifes surplombant le Rhône
Le bâtiment fut érigé au XIIᵉ siècle pour accueillir les pèlerins au cours de leurs voyages. Le choix de la localisation n'est à cette époque pas laissé au hasard. "On a appris qu’il y avait une communauté religieuse, les pontifes qui, comme son nom l’indique, construisaient des ponts pour favoriser les pèlerinages. Or, c'est à cette époque que l’on a construit l’ancien pont du Rhône [ndlr : connu aujourd'hui comme étant le pont de la Guillotière] ", souligne le fin connaisseur de l'histoire lyonnaise.
L'édifice servait également à accueillir les soldats blessés d'Italie. Géré par les religieux de Chassagne, l'hôpital avait une activité réduite jusqu’à l’apparition de la Peste Noire qui ravagea toute l’Europe à partir de 1478.
En 1583, l'Hôtel-Dieu fut agrandi sous la gestion des notables fortunés de la ville : un réel service de santé vit le jour. Depuis, le bâtiment qui mesure près de 375 mètres de long a évolué. La partie centrale, haute de plafond, a été construite au XVIIIᵉ siècle par l'architecte français Jacques-Germain Soufflot. "Le dôme central servait à inhiber les miasmes putrides. Ça permettait l’aspiration et l’air vicié montait comme une cheminée. Ça a fait un tabac puisque partout en Europe, on a construit des dômes comme celui-ci qui aspiraient la pollution", explique Jean-Luc Chavent.
L'hôpital a ensuite été transformé en Hôtel, avec des chambres aux dimensions immenses. La légende raconte qu'un prisonnier au XVIᵉ siècle aurait défié ses bourreaux d'aller tuer un crocodile dans le Rhône. Il aurait gagné et le crocodile est aujourd'hui accroché dans le hall du bâtiment.
Sur le bateau-chapelle Le Lien, le Christ s'associe aux marins
Sur l'autre versant de la presqu'île, Le Lien est également un lieu empreint d'histoire. La péniche est en réalité une chapelle flottante, véritable lieu de pèlerinage pour les marins. Transformée il y a une trentaine d'années, la péniche servait autrefois à transporter des marchandises sur le Rhône.
"C'est le Père sylvestre, aumônier des mariniers, et a eu l’idée du premier bateau-chapelle. Il y a sa statue à l'intérieur. C’est quelqu’un qui n’hésitait pas à monter à Nancy depuis Lyon pour aller faire le baptême d’un enfant de marin en mobylette", explique Didier Blanchon, gardien du bateau Le Lien.
Le Lyonnais est né sur l'eau et il connaît la signification du moindre élément de ce bateau. La croix des mariniers du Rhône ne fait pas exception.
“Il y a une double symbolique liée aux métiers des mariniers et à la passion du Christ. Ces croix étaient placées à l’avant des bateaux qui descendaient le Rhône, avant qu’il ne soit canalisé, pour se protéger. Ils descendaient très vite, dans des courants parfois compliqués. Ensuite, ils devaient remonter le Rhône et occasionnellement, ils mettaient trois semaines pour retourner à Lyon à cheval."
Didier BlanchonGardien du bateau Le Lien
Dans ce bateau, on retrouve également un orgue, ainsi qu'une petite scène, ou des pièces de théâtre sont régulièrement jouées.
Le bassin viennois : une mine d'or archéologique
L'histoire du Rhône dans le Rhône ne s'arrête pas à Lyon. L'empire Gallo-Romain a d'abord pris possession de la ville de Vienne avant même la cité des Gones. Le temple d'Auguste en est l'illustration même. Situé au cœur de la cité antique, le monument est dédié au culte impérial, pour honorer l'empereur Auguste et son épouse Livie.
"Vienne, c'est la métropole méconnue du Rhône qui était la tête de pont du commerce fluvial avant que Lyon ne devienne la capitale", explique Christophe Laporte, restaurateur de mosaïques à Saint-Romain-en-Gal. "Il y a de la richesse et donc il y a des mosaïques. De grandes maisons avec de grandes mosaïques dans les pièces", ajoute-t-il. Pour lui, le gisement viennois au sens large, Sainte-Colombe, Saint-Romain, est une véritable mine d'or. "Ça doit être le plus grand gisement de mosaïques en Gaule", affirme-t-il.
Résultat, dans son atelier, il restaure une multitude de pièces datant du début du premier siècle au début du 3ᵉ siècle, toutes découvertes dans la région. Certaines font une vingtaine de mètres, d'autres quelques centimètres, ce patrimoine historique attire les passionnés. On vient de Dubaï pour restaurer des mosaïques anciennes. Mais aussi du Louvre. Christophe Laporte et son équipe travaillent actuellement sur une pièce appartenant au musée, qui a déjà été restauré deux fois. "On espère être les derniers restaurateurs à intervenir dessus", confie-t-il.
Par la suite, les Romains installent leur capitale à Lyon, Lugdunum. En témoigne le théâtre antique de Lyon, l'un des plus grands au monde à l'époque, avec plus de 11 000 places assises.
À découvrir dans "Au fils du Rhône", vendredi 28 juillet à 18 h 40 sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes et le week-end sur France Bleu Drôme Ardèche, France Bleu Isère, France Bleu Saint-Etienne Loire et France Bleu Pays de Savoie.