DÉCOUVERTE. Les rives de l'Ain, enjeu stratégique dans le contrôle du Rhône

Fraichement arrivé en France depuis le lac Léman, le Rhône se faufile au milieu des sommets aindinois. Cette zone naturelle est un point stratégique puisque ses hauteurs offrent un large panorama de la vallée autour du fleuve, et notamment la commune de Seyssel, à cheval sur l'Ain et la Haute-Savoie.

Le Rhône, qui vient tout juste de quitter la Suisse quelques kilomètres plus haut, établi petit à petit son lit dans l'Ain. Les pieds dans l'eau, il est entouré de montagnes comme pour garder un peu de hauteur.

Des hauteurs que Daniel a choisi de parcourir à vélo. Ce cycliste passionné tente de relier le Lac Léman à Gibraltar sur son deux-roues, le tout en suivant le Rhône. 2700 kilomètres, 20 000 mètres de dénivelé sur 11 jours. Dans l'Ain, il se prépare à arpenter le col du Grand Colombier et ses 12 à 13 % de pente. À la clé, une vue imprenable sur le Lac du Bourget, plus grand lac naturel français, la sortie des gorges du Val-de-Fier et bien sûr, le Rhône. 

Le Fort l'Ecluse, un point de vue stratégique sur le Rhône

Celui qui offre certainement la plus belle vue du fleuve, c'est le Fort l'Écluse. Construit à flanc de falaise, cet édifice permettait autrefois de contrôler les va-et-viens sur le fleuve. 

"On dit que Jules César aurait édifié ses premières fortifications lors de l’extension de l’empire romain ici car il considérait l’emplacement comme stratégique. Les hommes passent par là depuis toujours, depuis que le glacier du Rhône s’est retiré et ont découvert la cluse du Rhône, d’où le nom".

Nicolas Renard

Directeur du Fort l'Ecluse.

Une voie de chemin de fer ainsi qu'une route nationale empruntaient ce passage très étroit entre le bassin genevois et la plaine du Rhône et de la Saône, si bien que jusque dans les années 1940, le Fort l'Écluse était le seul au monde traversé par une route nationale. "Jules César considérait que ceux qui tenaient cet emplacement contrôlaient l’ensemble du passage", ajoute l'aindinois.

Par la suite, les militaires se sont installés dans l'édifice. "J’ai toujours une pensée un peu émue pour les militaires à qui l'on a donné un marteau et un burin et l'on a dit ‘vas-y, bonne chance'" souligne Nicolas Renard. De la galerie souterraine reliant le ort intérieur au fort supérieur aux 1165 marches gravées et sculptées, "tout a été creusé à la main dans la roche", explique-t-il. Car même si les premières constructions étaient extérieures, l’évolution de l’artillerie a fait qu’il a fallu s’enfoncer dans la montagne. Un travail de plus de 10 ans pour un bâtiment qui a beaucoup servi par la suite. 

"Le fort était très dissuasif. Même s’il était beaucoup attaqué, beaucoup pris, il en a toujours imposé. C’était un endroit un peu angoissant pour celui qui voulait l’attaquer", justifie Nicolas Renard, évoquant notamment son utilisation lors de la Seconde Guerre mondiale. 

Le bonus du fort : il est le dernier au monde à posséder un pont-levis encore en fonctionnement. 

Seyssel, une commune à cheval sur deux départements 

En contrebas, préférez la sapine pour découvrir l'histoire du Rhône dans l'Ain. Ce bateau à fond plat historique, reproduction d'une des embarcations qui circulaient autrefois sur le Rhône, permet de circuler sur le fleuve à l'endroit même où il traverse une commune partagée sur deux départements. Il s'agit de Seyssel, une municipalité de près de 5000 habitants. 

"Du Moyen-âge jusqu’au tout début du 17ᵉ, la ville était unie et elle appartenait aux états de Savoie [ndlr : la Savoie était alors un État indépendant]. En 1601, la ville est devenue française. Ce n’est qu’en 1760 que la ville s'est séparée", explique Christelle avant d'ajouter : "Les monarques se sont entendus et ont choisi le milieu du fleuve comme frontière. La rive droite est alors restée française et la rive gauche est devenue savoyarde". 

Axe de communication naturelle nord-sud pour les humains, le Rhône est également un couloir de navigation pour les oiseaux qui s'en servent pour s'orienter lors de leurs déplacements migratoires. 

À découvrir dans "Au fils du Rhône", vendredi 14 juillet à 18 h 40 sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes et le week-end sur France Bleu Drôme Ardèche, France Bleu Isère, France Bleu Saint-Etienne Loire et France Bleu Pays de Savoie.