Un Rhône, mais divers écoulements. Tandis que dans la Réserve naturelle du Haut-Rhône, le fleuve arbore une richesse biologique synonyme de tranquillité, à Vienne, il est un outil permettant d'asseoir la puissance commerciale de l'Empire Gallo-romain.
Juste avant de se jeter dans les bras de la vallée qui porte son nom, le Rhône va parcourir un bout du département de l'Isère. Il va notamment passer au travers de la Réserve Naturelle du Haut-Rhône, un lieu unique en son genre, complètement préservé de toute activité humaine.
"Ces forêts ont presque disparu en France, alors qu'elles contiennent le plus grand nombre d’espèces au mètre carré. Ça veut dire que l’on a une vraie richesse biologique", explique Rémi Bogey, conservateur dans la forêt iséroise.
La Réserve Naturelle du Haut Rhône : "une petite Amazonie"
Une richesse que l'on doit à la cohabitation entre les organismes terrestres et fluviaux. "Ici, la nature est en interaction constante avec le fleuve. C'est une petite Amazonie", souligne le conservateur isérois avant d'ajouter : “C’est pour ça que l’on appelle ça une forêt alluviale ou forêt fluviale. On a vraiment une forêt qui fonctionne avec le fleuve. Il ne faut pas oublier qu’il y a une nappe phréatique et que ces arbres ont aussi les pieds dans l’eau. Ça veut dire que les arbres que l’on a ici, on ne les a pas forcément dans des forêts plus classiques".
Les bateaux à moteur y sont interdits. Les arbres et les lianes poussent à tort et à travers sur les 2 000 hectares de superficie. Il s'agit de la plus grande réserve fluviale de France, située à la frontière de trois départements : l’Ain, l’Isère et la Savoie.
Une autre particularité, “c’est qu’au lieu d’avoir un seul écoulement principal, on a des petits écoulements sur les côtés de part et d’autre. Ce sont les lônes. C’est un terme rhodanien qui désigne ce petit bras d’eau”, explique Rémi Bogey
"Vienne, c'est une croisée de voies essentielles"
Ces écoulements fluviaux ont fait la grandeur de l'Empire romain. Ils ont notamment permis de développer le commerce avec les autres régions de France et d'Europe. Pour rappel, avant Lyon, Vienne occupait le statut de capitale de l'Empire romain. “C’est un lieu magique ici. J’aime bien dire que cette ville est née du Rhône. Le fleuve, c’est une artère de vie dans l’antiquité", explique Laurence Brissaud, archéologue à Lyon, depuis le point de vue du Pipet.
"C’est ce qui a participé au développement de Vienne, qui était donc la capitale Allobroge [ndlr : un peuple celte installé dans les Alpes du nord au début du 4ᵉ siècle avant J.C]. Vienne, c'est un point stratégique, une croisée de voies essentielles", ajoute-t-elle.
L'histoire de Vienne, c'est aussi celle de ses ponts. Et beaucoup d'entre eux sont aujourd'hui cachés sous les eaux du Rhône. Depuis 2006, le bateau de la Compagnie nationale du Rhône traverse les eaux de Vienne. "C'est un bateau magique pour moi. Il permet de voir ce qu'il y a en dessous du Rhône", se réjouit Laurence Brissaud.
Le véhicule a ainsi pu découvrir, à une dizaine de mètres de profondeur, la présence de blocs de calcaires, identifiés comme faisant partie d'un pont. Ils ont également retrouvé les fondations, des gros pieux de chaîne d'environ 5 à 6 mètres de haut, noyés dans de la maçonnerie.
La résidence d'artiste Moly-Sabata : à la Confluence de cinq départements
Si Vienne est centrale dans la région Auvergne Rhône-Alpes, Sablons l'est encore plus. La commune iséroise d'approximativement 2 300 habitants était autrefois en bord de Rhône. Depuis la création du canal du Rhône en 197, la commune est devenue insulaire. Des artistes s'y installent temporairement dans la résidence d'artiste Moly-Sabata.
"On est dans un endroit particulier de la région Auvergne-Rhône-Alpes puisqu’en face, on est en Ardèche, ici, on est en Isère, et juste au bout de l’île, on est dans la Drôme. Au-dessus, rive droite, on est dans la Loire et rive gauche, on est dans le Rhône. Il y a cinq départements qui se touchent", explique Pierre, artiste et directeur de la résidence.
Moly-Sabata possède une deuxième particularité. Elle est la plus vieille résidence d'artiste en France. "En 1927, le peintre cubiste, Albert Gleizes, et sa femme, Juliette Roche, achètent ce lieu pour en faire une résidence d’artiste. C’est un particulier, car ce n’est pas une maison qui est, par la suite, devenue une résidence d’artiste. C’était le projet initial de créer ce lieu partagé", ajoute le peintre. Le lieu regroupe quatre ateliers avec une chambre chacun. Il a vu passer des centaines d'artistes résidant entre un et deux mois. Des Français, mais aussi des étrangers, des Coréens, des Européens...
"Il y a une expérience avec le paysage et aussi une expérience avec les autres artistes ainsi que les gens du village qui viennent beaucoup rencontrer les artistes", conclut Pierre. La résidence d'artiste Moly-Sabata va bientôt célébrer ces 100 ans d'existence.
À découvrir dans "Au fils du Rhône", vendredi 4 août à 18 h 40 sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes et le week-end sur France Bleu Drôme Ardèche, France Bleu Isère, France Bleu Saint-Etienne Loire et France Bleu Pays de Savoie.