Le défi des repas végétariens obligatoires dans les cantines scolaires

A partir du 1er novembre, un repas sans viande devra être proposé aux élèves au moins une fois par semaine. Cette obligation fait partie des nouvelles exigences en matière d’alimentation prévue par la loi agriculture dite loi Egalim votée en octobre 2018.
 

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En octobre 2018, l’Assemblée Nationale a voté un texte dans le cadre de la nouvelle loi agriculture dite loi Egalim. Ce texte prévoit, entre autres, l'instauration d'au moins un repas végétarien par semaine dans les cantines scolaires dès le 1er novembre 2019.
Certains maires précurseurs vont parfois bien au-delà du repas végétarien hebdomadaire.
 

Davantage un état d'esprit plutôt d'un ordre stricto sensu

Hervé Ozil, le maire EELV de Lagorce en Ardèche, n'a pas attendu la loi pour oeuvrer en faveur d'une alimentation plus saine dans les cantines de sa commune. "On dépasse largement les exigences de la loi, nous sommes à plus de 50% bio et de circuits courts, mais avant de proposer des menus végétariens, il faut d'abord donner le goût aux enfants de manger des légumes car le but n'est pas de jeter tous ces repas". Ainsi bénéficiant "d'un réseau d'approvisionnement efficace en terme de produits locaux ou bio, tout est préparé sur place par un cuisinier qui fait en sorte que les enfants aiment ce qu'ils mangent."

Epinglé par un classement peu favorable de Greenpeace, la ville de Lyon se défend et met elle aussi en avant ses progrès globaux depuis plusieurs années. "Greenpeace fait une erreur et ses données ne sont pas à jour" selon Guy Corazzol, l'adjoint délégué à l'éducation. "Nous sommes à 40 % de bio et 55% de produits locaux dans les 25 000 repas que nous servons chaque jour aux élèves des 204 écoles que nous gérons." Là encore, l'élu insiste sur une nécessaire politique globale de l'alimentation et du développement durable allant au-delà du "simple" repas végétarien.
"Nous donnons nos surplus à des associations caritatives, nous réduisons le gaspillage en offrant la possibilité aux enfants de choisir leur quantité dans l'assiette en fonction de leur appétit, et bientôt nous valoriserons nos biodéchets en les compostant". Lyon s'est mis en conformité avec l'esprit de la loi depuis cette rentrée en proposant un repas végétarien par semaine aux élèves des 167 cantines lyonnaises, mais avec une nuance soulevée par Guy Corazzol : "J'ai une vraie divergence avec Greenpeace car je préfère proposer un repas sans viande plutôt que de l'imposer, aux familles de choisir". Justement les familles, qu'en pensent-elles?
 

Une demande des familles

Les maires doivent parfois faire avec des parents d’élèves pour lesquels un menu sans viande est souvent considéré comme un menu au rabais, ou des parents qui comptent sur la cantine pour offrir à leur enfant un menu équilibré qu'eux ne peuvent assurer... Mais dans la grande majorité des cas, "les familles adhèrent à l'idée et sont contentes "selon Hervé Ozil. 

La mesure, qui prend pour l’instant la forme d’une expérimentation de deux ans, est plébiscitée par près de 6 Français sur 10, et 74 % des 18-34 ans, selon un sondage BVA-Greenpeace de 2018. Elle constitue un levier important en termes de santé et de lutte contre le réchauffement climatique. Par ailleurs, l'ONG a ouvert un site internet, cantineverte.fr, permettant aux familles d'agir en faveur de plus de repas bio et végétariens dans les cantines. 
 

Bio, végétarien et local, mais à quel prix?

Les efforts fournis par la mairie pour offrir des repas de qualité aux enfants de Lagorce peut se faire selon le maire de la commune sans surcoût pour la collectivité, "On fait attention aux quantités pour maitriser les coûts, ainsi nous équilibrons sur le prix des denrées et le ticket par repas pour les familles n'a pas augmenté, nous sommes entre 2.50 et 3.50 euros".
La ville de Lyon dépense chaque année 10 millions d'euros par an pour fournir 4 millions de repas sur l'année... ce budget ne concerne que le prix du repas, hors personnel etc... Les parents lyonnais déboursent, quant à eux, entre 0.83 et 7.30 euros pour la cantine de leur enfant.

D'où la crainte de certains élus. Toutes les communes ne sont pas logées à la même enseigne, là où certaines peuvent proposer des menus à la carte, d'autres devront l'imposer. A Lagorce, le personnel de cantine a dû être augmenté pour éplucher les fruits et légumes frais. Qu'en sera-t-il des mairies qui n'en n'ont pas les moyens? "Il y a un flou juridique, nous ne savons pas par exemple si les oeufs et le poisson entrent dans le menu dit végétarien, est-ce sans viande ou sans protéines animales?"
Pour Guy Corazzol, un des défis majeurs de ce passage aux repas végétariens est de trouver des substituts variés et bons et surtout d'accompagner ce changement par une pédagogie à la nutrition : "il faut expliquer aux enfants et aux familles que la viande n'est pas nécessaire quotidiennement."
 
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