Des chèvres à poil dans le Beaujolais

Des chèvres cachemire dans le Haut-Beaujolais… A Vernay, dans le Rhône, cette ferme ne connaît pas la crise grâce à ses produits en mohair. Ses ventes ont bondi de 15% en une année.

C’est une cuvée au poil. Le Beaujolais est connu pour ses crus, moins pour ses chèvres angoras et cachemire originaires du Tibet et de Mongolie. À la ferme d'Amalthée, la tonte, une à deux fois par an, est un moment précieux.

Pas facile pour ces herbivores de se défaire de leur toison en cette période hivernale. "Quand elles viennent de perdre leur laine, elles ont froid. Certaines tremblent même un peu" reconnait Lisa Tillier, chargée de projet RSE de la ferme d'Amalthée où on élève ces chèvres au poil soyeux. Du coup, elle frictionne les plus frigorifiées, voire les équipe d'un petit manteau.

Le pari du 100% made in France

Une fois les chèvres tondues, leurs boucles sont réparties en quatre catégories en fonction de l’épaisseur… Le tri se fait à l'œil et surtout au toucher. "Ici, on n'a pas de microscope. Tout le travail qu'on obtiendra ensuite, que ce soit à la filature et ensuite à l'atelier, passe par le tri de la matière" précise Olivier Cuer, le cogérant de la ferme d'Amalthée. 

Cette ferme familiale fait le pari du 100% made in France. Mais la laine juste tondue et triée est une matière voyageuse. Direction le Tarn pour un contrôle qualité de la laine mohair. Elle y est ensuite lavée, démêlée, tissée et teinte. Une opération parfois réalisée en Lombardie, faute de prestataires en France, avant un retour à la ferme. Dernière étape : l’Alsace et la Savoie pour le tricot. Le cachemire, lui, est plus laborieux à valoriser, pour un rendement bien inférieur.

Un sous-poil très fin et très précieux

Le cachemire, c'est le nom que l'on donne au sous-poil des chèvres. Pour être qualifiée de cachemire, cette laine, à la fois rare et chère, doit être fabriquée à partir d'un poil de chèvre dont le diamètre est inférieur à 19,5 microns et qui comprend une proportion de duvet 30 % plus importante que celle du poil. C'est le secret. "Tout le travail que l'on n'a pas à faire sur le mohair, c'est de séparer le poil du sous-poil, ça s'appelle l'éjarrage "souligne Olivier Cuer.

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Des chèvres élevées pour leur poil précieux à la ferme d'Amalthée à Vernay (Rhône) ©France 3 Rhône Alpes

Chaque année, seulement 20 kilos de duvet de cachemire pur sont prélevés… sur les 100 chèvres. Avec une petite dizaine d’éleveurs qui subsiste, la filière a quasiment disparu en France. Olivier est très fier de montrer dans sa grange une machine, quoique bien rouillée et poussiéreuse, qui remplace l'éjarrage à l'ancienne. "Pour moi, c'est l'avenir de la filière cachemire. Certes, la machine est en l'état et on doit la remettre aux normes de sécurité. À terme, on pourra ressusciter l'éjarrage du cachemire en France et recréer une filière qui a disparu dans les années 60, alors que la France a longtemps été leader mondial de l'éjarrage."

Reste à relancer la machine. Une centaine de milliers d’euros sont nécessaires. En attendant, Olivier Cuer vend sans difficulté ses produits finis de luxe à des prix moins doux que ses plaids. En une année, les ventes ont bondi de 15%.

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