"Deux rats par habitant à Lyon", prolifération selon certains observateurs, problème maîtrisé pour la Métropole

La présence des rongeurs à Lyon divise dans la métropole lyonnaise. Trop de rats ou au contraire une population maitrisée ? Les avis divergent.

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Place de Milan, non loin de la gare de la Part-Dieu, la présence de rats est flagrante. De nombreux terriers indiquent l'importance de la colonie et ce n'est pas le seul quartier de Lyon concerné. Il y a aussi la place Carnot, Bellecour... soit en tout une dizaine de lieux.
La problématique touche la plupart des villes. Marseille ou encore Paris où on dénombre dix fois plus de rats qu’à Lyon. Il y en aurait 800 000 dans la capitale des Gaules, soit près de deux rats par habitant. un chiffre estimé à partir de différentes sources comme les dératisations enregistrées et les signalements. 

"Le rongeur a besoin de descendre sous la terre pour accéder à des zones de température stable, éviter la prédation, stocker sa nourriture et protéger ses petits", explique Romain Lasseur, docteur en toxicologie animale. Ce chercheur au CNRS est très régulièrement sur le terrain pour étudier les rongeurs. Avec sa casquette de chef d’entreprise, il conseille aussi les collectivités, les industriels et les sociétés de dératisation qui font appel à ses services. "Le problème, ce n'est pas la présence du rat - il y en a toujours eu et il y en aura toujours - c'est la non-régulation de ces populations qui pose une problématique sanitaire", précise-t-il. 

Le rat a sa place en ville, mais on ne doit pas accepter des populations au-delà de seuils au-delà desquels on commence à avoir des problématiques sanitaires

Romain Lasseur,

docteur en toxicologie animale

Un problème de dignité humaine

Selon Romain Lasseur, docteur en toxicologie animale, 10 points sources ont été repérés dans la ville. L'absence d'actions coordonnées les fait perdurer et les colonies s'étendent au reste de la ville. Pour lui, faire cohabiter rongeurs et population précaire pose une vraie question sur la dignité humaine et soulève une question d'éthique.

Le chercheur précise qu'il y a un "vrai consensus international qui consiste à dire qu'une surpopulation de rats bruns est un signe d'appauvrissement des pays. Il regrette que "pour des questions idéologiques, on laisse proliférer des rongeurs parce qu'assumer une régulation en milieu urbain nécessite du courage, notamment pour affronter un certain nombre d'associations de défense des animaux".

Un problème de responsabilité selon les espaces

L’opposition dénonce, elle, un manque d'harmonisation dans cette lutte contre la prolifération des rongeurs, entre la Métropole et Ville qui ne s’entendent pas. Laurence Croizier, élue à la Mairie de Lyon 6 (droite, centre et indépendant) et conseillère métropolitaine, se dit souvent interpellée par ses administrés sur la présence des rats. Elle souhaite que la Ville et la Métropole agissent de concert pour garantir la propreté de tous les espaces.
"En terme d'espace public, il y a une mauvaise coordination des services. La ville de Lyon est responsable de la propreté des jardins, la Métropole, des espaces publics. La limite entre ces deux lieux n'est pas évidente" confesse Laurence Croizier. "Au mieux, les nettoyages sont faits, mais jamais en même temps, donc il n'y a aucun moment où une place, un jardin est vraiment complètement propre. Même si les services se parlent, ça ne suffit pas" ajoute l'élue.

Un problème maitrisé selon la métropole

Pierre Athanaze, vice-président Environnement (EELV) de la Métropole de Lyon, n'a pas constaté de son côté une augmentation de signalisation de la présence de rats depuis 5 ans de la part des habitants, des collectivités et des personnels métropolitains (cantonniers et égoutiers).

"On n'a pas de recrudescence des rats comme certains essaient de le colporter. On a des émergences à un endroit donné, mais ça, c'est de tout temps. Sinon [...] le système est rodé avec un travail fait par les villes pour le traitement en surface et par la métropole pour le traitement souterrain. Il faut absolument traiter les deux niveaux en même temps pour être efficace".

Une urgence sanitaire place de Milan (Lyon 3)

Pour les habitants de la place de Milan, les rongeurs sont une nuisance au quotidien. Ils leur gâchent la vie depuis quatre ans. 
Adel n'est pas serein quand il part travailler à 4 heures du matin. "Quand je sors, je secoue mes clés pour faire du bruit, tellement il y a de rats. J'ai peur. Mes enfants ne peuvent plus jouer dehors". Moufida habite le cours Vivier Merle depuis 28 ans. Elle a vu le quartier se dégrader sans que personne intervienne. "Quand ils ont détruit la gare, les rats se sont sauvés en bas de chez nous". Excédée, elle les compare à des lapins étant donné leur taille. "Ils mangent les câbles de nos voitures" alerte-t-elle.

La situation est connue des différents services. Une opération conjointe entre la ville et la métropole est en préparation. La présence de personnes sans abris vivant dans des tentes sur le secteur rend un peu plus complexe les interventions et nécessite des précautions, explique Pierre Athanaze.

La responsabilité de tous

En moyenne, un couple de rats (non régulé) donne naissance à près de 300 petits par an. Cela devient un problème de santé publique. Le rat vivant est porteur sain de maladies. Il peut, par exemple, transmettre la leptospirose à l’homme. Une maladie qui affecte 700 personnes par an en France avec un taux de mortalité de 10 à 13%.

Politiques et experts s’accordent à dire que la nourriture jetée par terre entraîne la prolifération de rats. Si l'animal trouve de quoi se nourrir, il s'installe et lorsque la colonie déborde, il envahit les territoires alentours. C'est aussi à chacun d'agir. Métropole, opposition et chercheur sont unanimes, tous n'excluent pas d'en arriver à la verbalisation des actes d'incivilités.

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