Si la ville de Lyon attire, de manière globale, de plus en plus d’habitants, les chiffres du dernier recensement de l’INSEE pointent une désertion du centre-ville, et notamment du secteur de la Presqu’Ile.
Moins 336 habitants en 2020, par rapport à 2014. Le 1er arrondissement, boudé par ses habitants? Si le phénomène n’est pas massif, il représente une baisse de 1% de la population et confirme la tendance à l’exode urbain pointée par de nombreux observateurs. De l’uns des quartiers les plus peuplés de Lyon il y a 10 ans, le premier est devenu le moins habité en 2020.
Un cadre de vie moins séduisant
Le 2ème arrondissement, lui, a perdu 480 habitants par rapport à 2009. Une tendance qui affecte particulièrement le centre de la Presqu’Ile. "Nous avons plusieurs handicaps, la pollution, la sécurité, le bruit, la non-végétalisation et l’accès à nos logements, avec des problèmes de stationnement", reconnait Bernard Colombaud, président du Comité d’Intérêt Local Centre Presqu'île. "Tout ça fait que les gens s’en vont", regrette le résident du centre-ville depuis 30 ans.
Dénonçant certaines mesures de la politique d’apaisement du centre-ville menée par la mairie écologiste, comme la suppression de places de parking résidentiel, il affirme "que les mesures prises doivent alléger la vie en Presqu’Ile et non pas créer des contraintes supplémentaires".
De moins en moins de familles
Preuve de la désertion de l’hyper-centre lyonnais, la fermeture récente de plusieurs classes dans le 2° arrondissement, et même d'une école entière dans le nord de la Presqu'île. "On est passés de foyers composés de 3 à 4 personnes à des foyers de 1 à 2 personnes", affirme Pierre Olivier, le maire LR du 2ème arrondissement. D’après l’élu, les nouveaux habitants sont plutôt des couples de retraités parisiens. "Quand vous êtes une famille et que vous voulez habiter en Presqu’île, il faut trouver une place de parking souterrain, c’est très long, très compliqué et il y a des listes d’attente", analyse Pierre Oliver.
Et si le turnover dans les appartements du centre a toujours été important, le maire de l’arrondissement note tout de même que les habitants pérennes ont été délogés par les locations touristiques. "Les propriétaires de certains appartements ont changé de modèle économique et cela a été l’anarchie jusqu’à la régulation du marché, avec parfois 300 appartements qui disparaissaient du marché locatif en une année", regrette encore Pierre Olivier.
Une incidence sur le marché immobilier
Une désaffection qui a justement une incidence sur le marché immobilier. "Il y a moins de transactions immobilières", constate Vincent Mazzocco, agent immobilier en Presqu’Ile depuis plus de vingt ans. La tendance est selon lui liée à la conjonction de plusieurs facteurs. "Suite au Covid et surtout à l’institution du télétravail, beaucoup de familles ont préféré fuir le centre-ville et aller chercher un bout de jardin… " ajoute-t-il.
Encadrement des loyers, classement énergétique des appartements anciens et prix au mètre carré pourraient aussi dissuader les potentiels investisseurs. "La Presqu’île est moins attractive, c’est très clair, mais c’est une question de prix, les taux d’intérêts ont remonté et il les prix n’ont pas encore assez baissé, on est dans une période de transition", explique encore l’agent immobilier.
Et même côté Confluence, rénovations et développement urbain peinent à compenser les départs du cœur de ville. "Mais de nouvelles constructions vont prochainement être habitées", tempère Vincent Mazzocco.
Au niveau global en revanche, et malgré la fuite vers les campagnes des citadins, la ville de Lyon continue d’attirer. En six ans, la capitale des Gaules a gagné 15 000 habitants.