L’artiste lyonnais spécialiste des collages a représenté le président russe Vladimir Poutine une colombe déchiquetée à la main. Un symbole fort en période de guerre contre l’Ukraine.
Une colombe fraîchement déchiquetée avec les dents. La tête dans une main, le corps dans l’autre. Des gouttes de sang dégoulinent de la bouche de Vladimir Poutine. L’œuvre baptisée « L’Ogre » est signée Big Ben, artiste lyonnais spécialiste du street-art.
A travers son œuvre éphémère, l’artiste propose un regard sur l’actualité marquée par la guerre entre la Russie et l’Ukraine depuis le 24 février. Touché par ces événements, Big Ben a eu ce « besoin de créer ». « Mon collage ne changera pas l’actualité mais ça permet de créer du débat et de faire émerger des questions » relate cet adepte de l'art éphémère.
Un lieu symbolique
Visible place de la Paix, l’œuvre n’a pas été placardée dans le premier arrondissement au hasard. « Cette peinture je l’ai faite pour ce mur. Quand l’idée m’est venue j’ai cherché un lieu et je me suis dit que ça ne pouvait être que là » assure l’auteur de ce collage.
« C’est comme si Poutine tuait la paix » confirme Simon, 14 ans. Téléphone en main, son ami Gael prend plusieurs clichés de l’œuvre « pour montrer à mes parents ». Si le collégien assure que « ça fait réfléchir » il tient à relativiser : « ce n’est pas avec un dessin qu’on va pouvoir arrêter la guerre ». Pour Bénita, 15 ans, « ça reste un petit symbole de résistance ». Le groupe d’amis est passé par hasard devant le collage mais tous ont eu le même réflexe : sortir leur smartphone pour photographier l’œuvre.
« Vous voyez, ils se l’accaparent en prenant des photos (…) Quand je fais une peinture, mon intention de départ n’est plus si importante. J’aime bien faire réagir les gens et les rendre auteurs. Une fois qu’elle est dans la rue, l’œuvre ne m’appartient plus » détaille Big Ben.
« L’Ukraine ce n’est pas si loin »
Maria a aperçu le collage depuis le bus et a décidé de s’approcher pour voir de plus près. « Certains pensent que la guerre ne nous concerne pas mais l’Ukraine ce n’est pas si loin » s’inquiète cette aide-soignante qui s’est empressée d’envoyer la photo à la dame chez qui elle se rend ce matin.
Akil lui s’apprêtait à prendre son vélo quand il s’est arrêté devant « L’Ogre ». « On est déjà tous au courant de ce qu’il se passe mais je pense que ce collage permet de ne pas oublier » estime le lycéen, touché par la violence de l’œuvre.
5 heures de peinture et 20 minutes de collage ont été nécessaires à Big Ben pour réaliser « L’Ogre ». Basé à Lyon, l’artiste tire son inspiration d’artistes comme Banksy et Blek Le Rat, un des pionniers du street-art en France.