Découvrez l'étonnante histoire de l'insurrection de Villeurbanne qui débuta sur un malentendu

L'insurrection de Villeurbanne le 24 août 1944 a marqué l'histoire de la Seconde Guerre mondiale. Les maquisards venaient voler des camions, ils ont été pris pour les libérateurs, provoquant un soulèvement populaire.

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Insurrection de Villeurbanne ©France TV - M.Figureau/V.Benais
L'insurrection de Villeurbanne s'est produite dans un contexte où la libération de la France semblait imminente, notamment après le débarquement allié en Provence le 15 août 1944. Le 24 août, la population civile, accompagnée d'unités combattantes de la Résistance, a pris les armes contre l'occupant allemand. 

Les principaux acteurs de cette insurrection étaient :

  • La population civile de Villeurbanne
  • Les FTP-MOI (Francs-Tireurs et Partisans - Main-d'Œuvre Immigrée), notamment le bataillon Carmagnole
  • L'Union des Juifs pour la Résistance et l'Entraide (UJRE)
  • L'Union de la Jeunesse Juive (UJJ)

Au départ, les plans étaient tout autre : ce groupe d'étrangers, de juifs de communistes avait prévu d' aller libérer des prisonniers Saint-Paul et Saint-Joseph à Lyon. Le projet était de voler des camions dans un garage de la préfecture situé à Villeurbanne mais ils furent repérés par la Wehrmacht. Des échanges de tirs résonnent  sous les fenêtres des habitants qui pensent alors assister à la libération de leur ville. Des drapeaux sont brandis, des cris de soutien résonnent, Villeurbanne brûle de voir disparaître les couleurs, les idées et les uniformes nazis. 

"Lorsque les FTP MOI arrivent devant l'hôtel de ville ils sont un peu surpris par ce climat populaire, les édiles du régime de Vichy sont sur le perron et sont prêts à partir" précise Sylvie Altar, docteure en Histoire contemporaine, membre du Comité scientifique du Mémorial National de la prison de Montluc. "Dans la nuit du 24 au 25 août, un comité militaire se met en place. Les chefs de l'insurrection Henri Krischer et Gheorge Grünfled qu'on appelle "le comandant Lefort" vont organiser la suite de l'insurrection. Il y a un très fort déséquilibre des forces, ils ont même demandé à la population de rentrer" rappelle l'historienne.  

 Mais pendant trois jours, Villeurbanne et certains quartiers du nord-est de Lyon se sont couverts de barricades. Les insurgés ont utilisé des moyens de fortune, comme des vieux meubles et des matériaux de chantier, pour construire ces barricades.

"La population a une aspiration à la liberté" explique Sylvie Altar, "imaginez le 24 août vous voyez des personnes avec des brassards FFI... La population croit que c'est bon, ça y est c'est la libération! On voit des hommes qui viennent aider, avec ou sans armes. Les drapeaux étaient prêts ils sont sortis dans la rue, et le 25 une grande grève a été organisée et 2000 hommes civils décident de rejoindre l'insurrection". Un conseil militaire et un comité politique de libération s'organisent pour penser et coordonner ce qui au départ était spontané. Il faut alors sécuriser, gérer les besoins des Villeurbanais et le ravitaillement.

Les combattants ont tenu tête aux assauts des Allemands, parvenant même à incendier plusieurs blindés avec des moyens limités. Des affrontements ont eu lieu en permanence, notamment vers le quartier des Brotteaux. Mais dès le 26, le déséquilibre des forces en faveur des Allemands qui bombardent et utilisent des otages pousse les insurgés à se disperser. La vraie libération avec les soldats américains aura lieu 10 jours plus tard. 

Bilan et conséquences

L'insurrection a fait près de deux cents victimes, dont quarante morts parmi les insurgés et les Villeurbannais. Bien que l'insurrection n'ait pas directement conduit à la libération de la ville, elle a contribué à affaiblir les forces d'occupation et à préparer le terrain pour la libération officielle qui a eu lieu le 2 septembre 1944. Cette insurrection reste un événement marquant de la Résistance française, faisant de Villeurbanne l'une des rares villes de France, avec Paris, à avoir connu une véritable insurrection populaire contre l'occupant nazi. 

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