A Vaulx-en-Velin après le terrible incendie du 15 décembre, les habitants du chemin des Barques expriment leur peur et leur sentiment d'abandon face aux dealers.
A Vaulx-en-Velin, près d'une semaine après le terrible incendie qui a fait 10 morts dont 4 enfants, le chemin des Barques est en plein désarroi. Ici, les riverains racontent leur quotidien au contact du trafic de drogue qui sévit dans les allées d'immeubles. Mais personne n'accepte de parler à visage découvert. La peur est présente. Elle l'était aussi au numéro 12 où l'incendie s'est déclaré.
"Le 12, c'était dramatique. Ils avaient tout cassé, les gens avaient peur de rentrer chez eux... Bien sûr, la mairie était au courant. Et vous avez vu le résultat : dix morts..." témoigne un riverain anonyme. "C'est un vrai petit supermarché qu'ils ont mis en place. Ils y mangent, ils y boivent, ils y font leur business" ajoute un autre habitant. "Puisque l'allée 12 n'existe plus, ils vont prendre une autre allée". L'homme est désabusé et reconnaît avoir été plusieurs fois menacé.
Pour seule réponse : "vous n'avez qu'à déménager"
L'allée 12 n'est pas la seule concernée. Un peu plus haut dans la rue, les langues se délient. Un nouveau point de deal était en cours d'installation. "Ils s'installent soit à l'entrée à l'extérieur, soit à l'intérieur quand il fait mauvais. Ce sont des dealers qui sont là, qui jouent les vigiles dans les allées. Au total, il y a bien une quinzaine de personnes. Et quand on appelle la police, savez-vous ce qu'on nous répond ? Vous n'avez qu'à déménager...".
Tout au bout de la rue, allée 2. L' endroit est connu de tous ici. Il s'agirait de la porte d'entrée du trafic de drogue. Dans sa voiture, un jeune homme se roule un joint et explique : "Il y a un trafic de drogue qui est installé mais tout le monde remet la faute là-dessus, mais c'est pas ça. Vous pensez vraiment qu'un trafic de drogue va faire cramer un immeuble comme ça ?"
Entre peur, tristesse et sentiment d'abandon
Il nous indique d'autres jeunes hommes très au fait du trafic. Selon eux, le trafic de drogue ici n'existe pas. "Il n'y a pas de squat. Et pas de trafic. C'est juste comme si moi j'habitais là et que je reste en bas de chez moi. Nous, on redoute que toute la faute soit rejetée sur nous alors qu'on n'a rien à voir là-dedans."
Une semaine après le drame, rien n'a changé pour les habitants du chemin des Barques qui naviguent toujours entre tristesse et sentiment d'abandon.