Incendie de Vaulx-en-Velin : 5 jours après le drame, les survivants et proches des victimes veulent comprendre

Les jours passent, et les questions restent sans réponses. Comment et pourquoi cet immeuble dans la banlieue de Vaulx-en-Velin a-t-il pris feu, faisant dix morts, dont cinq enfants ?

Depuis le vendredi 16 décembre, chaque jour, des dizaines de somaliens se réunissent dans l’espace associatif Benoît Frachon, à Vaulx-en-Velin, dans le Rhône, pour s’apporter soutien et réconfort.

Cinq jours après l’incendie  meurtrier, l’émotion se lit sur chaque visage. Les yeux bas, le regard éteint, bras croisés, Mako Oumar, la cousine de la mère de famille tuée dans l’incendie, est dévastée et en colère.

"Tous les locataires savaient qu’il y avait du trafic de drogue, que c’était dangereux. Ils ont averti la police. Ces gens n'ont pas les moyens de déménager. C’était le travail de la police, de venir et de les protéger. Certains territoires sont abandonnés, l'Etat les a oubliés, alors que ça fait partie de la France. Tout le monde a droit à la sécurité" s’emporte-elle.

La victime, Mouna, réfugiée politique, est morte intoxiquée, avec cinq de ses huit enfants. "Elle savait qu’elle était en danger ici, elle avait peur pour elle et pour ses enfants, surtout pour ses filles. Quand on entrait dans l’immeuble on avait l’impression de devoir passer un péage. L’odeur de drogue collait sur nos vêtements. Et personne ne pouvait dire quoi que ce soit. Par peur de se faire rayer sa voiture ou d’avoir d’autres problèmes" confie Mako Oumar.

Les trois autres enfants de Mouna, âgés de 17,18 et 19 ans ont sauté par la fenêtre du 4ème étage pour échapper aux flammes. Deux sont toujours hospitalisés, dans un état grave. 

"On demandait encore et encore un appartement digne. Là, on savait tous que c’était dangereux. D’ailleurs Mouna ne lâchait jamais ses enfants, surtout ses filles ».

Omar Egal, président de l'association somalilandaise de France

Depuis son arrivée en France en 2019, Mouna avait plusieurs fois rencontré Omar Egal, le président de l’association somalilandaise de France, pour être aidée dans les démarches administratives "Elle ne parlait pas français en arrivant. Elle a subit un exil très dur, c’était une femme tellement courageuse" confie-t-il, les yeux embués de larmes. "J’ai moi-même inscrit ses enfants à l’école. Aujourd’hui je me sens vide, totalement vide". Depuis plusieurs années, l’association était en lien avec le bailleur social de cet appartement trop petit pour une famille de dix personnes. "On demandait encore et encore un appartement digne. Là, on savait tous que c’était dangereux. D’ailleurs Mouna ne lâchait jamais ses enfants, surtout ses filles ».

Le mari de Mouna était à Angers au moment du drame. Recueilli dans le centre Benoît Frachon, avec d’autres membres de sa famille, il est aujourd'hui anéanti "Le père, il est vivant, mais à l’intérieur il est mort" raconte Omar Egal. "Les premières 72heures sont été insurmontables pour lui. On était dans l'attente d’une autorisation du Procureur de la République pour aller voir les corps au centre funéraire de Berthelot. Aujourd’hui il est plus calme, mais il est là sans être là".

"Aujourd'hui j'essaye d'avancer mais j'espère qu'ils ne sont pas morts en vain, que les choses vont changer"

Nissim, rescapé de l'incendie

Aux côtés d’Omar Egal dans ce centre associatif, Nissim, un voisin de Mouna. "Ma mère habite au 5ème étage, j'étais présent cette nuit-là et je ne dormais pas. J'ai tout de suite senti les flammes, je me suis précipité pour voir ce qu'il se passait, quand j'ai ouvert la porte j'ai vu toute la fumée. J’ai immédiatement claquée la porte et réveillé ma mère pour qu'on aille se réfugier sur le balcon en attendant les secours. C'est comme ça qu'on a été épargnés"raconte ce jeune homme d’une trentaine d’années. "C'était un véritable cauchemar, le lendemain, toute la journée j'entendais en boucle les voix qui résonnaient "je vais mourir, où sont les pompiers !". C’était des scènes atroces. Aujourd'hui j'essaye d'avancer mais j'espère qu'ils ne sont pas morts en vain, que les choses vont changer".

Mardi, Hélène Geoffroy, maire PS de Vaulx-en-Velin, s’est entretenue avec la Première ministre Elisabeth Borne. « Je lui ai demandé de trouver de nouveaux dispositifs, y compris juridiques, pour accélérer les processus d'accompagnement et de transformation" dans les "quartiers populaires" indique l’élue au micro de France Info. 

Une marche blanche est prévue ce jeudi 22 décembre, et un rassemblement est prévu ce vendredi 23 décembre à la mosquée de Vaulx-en-Velin, en hommage aux victimes. 

L'actualité "Faits divers" vous intéresse ? Continuez votre exploration et découvrez d'autres thématiques dans notre newsletter quotidienne.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
Auvergne-Rhône-Alpes
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité