Au sud de Lyon, les cerisiers sont en fleur ce qui inquiète fortement les arboriculteurs. Fin octobre, ils devraient être en dormance pour passer l'hiver. Les températures printanières de cet automne trompent la nature et les gelées de l'hiver risquent d'être dévastatrices.
Quand les poireaux côtoient les courgettes, c’est le signe que les saisons s’entremêlent, se confondent. La douceur exceptionnelle de la fin du mois d'octobre bouleverse également le cycle naturel des arbres fruitiers, notamment les cerisiers au sud de Lyon.
Des répères obsolètes
A Vourles, dans le Rhône, les cerisiers sont bien verts en cette fin du mois d'octobre alors qu'ils devraient perdre leurs feuilles. Certains ont même refleuri. Une floraison contre-nature. Du jamais vu ! Et un décalage qui pourrait se payer au printemps prochain craint Daniel Mermet, arboriculteur.
Un cerisier, il lui faut tant d'heures de froid comme pour n'importe quelle espèce fruitière. Si on ne les a pas, on risque de n'avoir que des petits fruits ou même rien du tout l'année prochaine
Daniel Mermet,arboriculteur dans le Rhône
L'absence de période de dormance est alarmante. Dans son cycle naturel, l'arbre doit perdre ses feuilles à l'automne, avoir un repos végétatif l'hiver puis un réveil au printemps. Ce qui est loin d'être le cas cette année.
En l'état actuel des choses, en absence de mise en place de protection "artificielle", un coup de gel au printemps condamnerait 25% à 30% de la production à venir de ses pommiers et un gros coup de gel avec des températures négatives sur une nuit lui ferait perdre toute ses récoltes de cerises. L'arboriculteur va devoir mettre en place des solutions pour protéger ses arbres pendant tout l'hiver. Les bourgeons ne devant en aucun cas se retrouver dans des températures négatives.
Une situation inédite
Après la sécheresse précoce du printemps dernier, puis la grêle de cet été qui a détruit une bonne partie des bourgeons à fruits, les agriculteurs naviguent à vue sans vraiment d'informations sur la météo. "On a tellement de changements climatiques. On sait plus où on va", s'inquiète l'arboriculteur qui ne peut que constater le réveil anachronique de ses plantations.
Daniel n'a jamais connu une telle situation. Il se souvient des automnes de son adolescence avec du brouillard givrant en octobre. "Il fallait attendre 10h30 pour ramasser les Goldens, sinon elles s'abimaient. "Cette année, on les ramasse sous des chaleurs de 20° et ça va être le cas jusqu'au 1er novembre".
Désarçonné face à ce manque de repères, Daniel s'est mis au maraîchage pour diversifier son activité et limiter les risques car il ne peut plus compter à 100% sur le fruitier. "Je suis là-dedans depuis presque 40 ans. Il me reste encore une bonne douzaine d'années à faire. J'espère pouvoir les finir mais ça m'inquiète".