Le gel a fait son retour sur une grande partie de la France, y compris en Auvergne Rhône-Alpes. Pour autant, les arboriculteurs ne s'inquiètent pas, d'avantage préoccupés par les enjeux de sècheresse et de hausse des prix de l'énergie.
Cette nuit, le thermomètre a affiché des températures négatives sur toute une partie de la France, dont l’Auvergne Rhône-Alpes. -2.6 à Andrézieux-Bouthéon dans la Loire, - 0.5 à Chabeuil dans la Drôme, -1.1 à Aubenas en Ardèche. "On sort de la saison hivernale. Il y a un air froid résiduel sur le nord de l’Europe et lorsqu'une situation anticyclonique se présente, cette masse d’air se déplace et on peut assez facilement avoir des gelées", explique Guilhem Mollard, prévisionniste pour Météo France à Bron.
"Les gelées en avril arriveront toujours car c’est toujours une période transitoire sur l’ouest de l’Europe", conclut le météorologue. Entre 1990 et 2020, la date moyenne des dernières journées de gel se situent entre le 22 mars à Aubenas et le 17 avril à Clermont-Ferrand selon le spécialiste.
Des températures normales pour la saison
Le phénomène est donc loin d’être exceptionnel et les arboriculteurs semblent l’avoir anticipé.
"L’hiver était relativement clément sur la période. On sait que d’avril jusqu’à début mai, on a un risque de gelées. Les températures négatives sont normales et ne font pas trop de dégâts. Ce ne sont pas les gelées noires, des –7 –8 qui durent longtemps, que l’on avait eues en 2021 et 2022."
Florian BreuilChef d’entreprise chez Breuil Horticulture
Pour Clémence Bét-Garitan, chef d’exploitation à la ferme des grands bois dans le Rhône, le constat est le même. "On est en normal en termes de floraison par rapport à l’année dernière. Ça gèle mes petites fleurs de fraise qui s’ouvrent précocement, mais elles repoussent par la suite", explique la jeune femme responsable d’un domaine de 11 hectares, dont un et demi réservé aux 14.000 pieds de framboisier.
"Comparé aux années précédentes, où la végétation était arrivée plus tôt en raison d’hivers plus doux, avec des gelées bien plus marquées, voire de la neige, cette année est relativement normale", ajoute Guilhem Mollard.
Ce n’est pas le gel qui me fait peur, c’est la sècheresse
Plus que le gel, c’est la gestion de l’eau qui inquiète Clémence Bét-Garitan. "On a eu un hiver très sec et seulement un peu d’eau au printemps. Il ne pleut pas suffisamment donc ça ne recharge pas les nappes phréatiques. L’étang, où je pompe mon eau, est au même niveau que l’année dernière à la fin août 2022. Ce n’est pas le gel qui me fait peur, c’est la sècheresse", souligne l’agricultrice.
Et quand ce n’est pas l’eau, c’est le prix de l’électricité qui préoccupe les arboriculteurs. Si Florian Breuil en Isère a l’avantage de posséder une exploitation sous serre et donc d’arriver à un peu mieux maîtriser le climat, il doit "faire fonctionner le chauffage de manière plus régulière en période de gel".
"Une nuit de chauffage, c’est 100l de fuel, ce qui équivaut à 150 euros", souligne l’agriculteur qui contrôle chaque nuit de gel la chaleur apportée à ses quelques milliers de pieds de tomates.
Des solutions pour lutter contre le froid
Une protection supplémentaire que Clémence Bét-Garitan n’a pas. Mais elle a d’autres ressources en cas de gel au-dessus des -2° et/ou prolongé. "L’année dernière, j’ai installé un voile d’hivernage sur tout ce qui est myrtille, framboise, fraise… ", explique l’agricultrice, qui évoque cependant une solution à utiliser en dernier recours car "elle frotte les fleurs, qui tombent et ne produisent pas de fruits".
"On a également essayé l'infusion de thym cette année sur quelques arbres, car on veut beaucoup de récolte sur un prunier. C’est censé donner de la résistance, et permettre le développement des défenses immunitaires", affirme Clémence Bét-Garitan.