Dans le cadre de sa politique écologique, la métropole lyonnaise souhaite réorganiser les déplacements entre Oullins et Lyon. Encore en cours d'élaboration, le projet propose d'établir une circulation à sens unique sur l'axe principale de la ville, ce qui n'est pas du goût de nombreux habitants, ni même de la mairie.
En semaine, près de 10 000 véhicules emprunteraient chaque jour la Grande Rue d'Oullins pour aller et venir de Lyon. Une situation qui cause inévitablement une circulation dense, voire bouchée aux heures de pointe, et toutes les nuisances qui vont avec : du bruit, mais surtout une pollution de l'air, et une sensation d'insécurité pour les adeptes des mobilités douces que sont les piétons et les cyclistes.
Un véritable problème pour la métropole lyonnaise qui propose d'y remédier en favorisant l'utilisation des transports en commun ou du vélo. L'idée est d'accompagner l'ouverture prochaine des deux nouvelles stations de métro dans le secteur, d'une restructuration de la circulation en surface. "Le but c'est d'appaiser la circulation notamment en réduisant le nombre de voiture. Le prolongement du métro B à Oullins centre et à St-Genis-Laval va de toute façon changer les habitudes de mobilité" explique Jean-Charles Kohlhass, membre de la commission déplacements et voieries à la Métropole de Lyon.
Un scénario sur deux vivement critiqué
Pour cette restructuration, la Métropole a proposé deux scénarios qu'elle met en "concertation" jusqu'au 19 juin prochain. Le premier : faire passer la rue de la République, un axe secondaire d'Oullins, en une zone 20km/h où les cyclistes seraient prioritaires, jusqu'à ce qu'ils rejoignent l'une des "grandes voies cyclables" à l'entrée de Lyon.
Le second : instaurer une circulation en sens unique pour les voitures sur la Grande Rue d'Oullins, et réserver la voie dans le sens Nord/Sud aux bus et aux vélos.
C'est ce deuxième scénario qui fait polémique. "Aujourd'hui il y a déjà pas mal de bouchons, c'est constamment, tous les matins aux heures de pointe, alors faire un sens à une voix... je crois qu'il faut s'intérroger," déplore Dalila une habitante d'Oullins qui se rend à Lyon pour travailler. C'est le principal reproche qui est fait à ce scénario : "mais par où va-t-on passer pour se rendre à Lyon en voiture ?" se demandent beaucoup d'habitants. À tel point que la mairie d'Oullins elle-même a lancé une pétition pour dénoncer un projet qu'elle juge absurde. "La grande rue c'est une ancienne voie départementale donc elle est calibrée pour avoir un peu de circulation, beaucoup de circulation effectivement aux heures de pointe, ce qui n'est pas le cas des autres rues d'Oullins," explique Clotilde Pouzergue, la maire d'Oullins.
Et ce n'est pas le seul reproche qui est fait à ce deuxième scénario. Sur les 2 km de la Grande Rue d'Oullins, on ne compte pas moins de 160 commerçants. Pour ces derniers, supprimer un sens de circulation, c'est inévitablement réduire la fréquentation et donc le chiffre d'affaire. Il y aurait en effet moins de transit par cette Grande Rue, mais pas seulement, "55% des clients des commerces d'Oullins viennent de l'extérieur d'Oullins," explique Maxime Balouzat, le président de l'association des commerçants qui se base sur les chiffres de la Chambre de commerce et de l'industrie. "Tous ces gens viennent principalement en voiture (...) si on les contrait avec une voix de circulation, on va créer des embouteillages aux entrées de la ville, et on va les dégoûter de venir à Oullins". Ajoutez à cela la suppression d'une cinquantaine de places de parking... ce serait une catastrophe selon ces opposants.
Une "concertation" dans le cadre d'un projet bien plus vaste
Les deux options sont soumises à consulation et avis de la population. Une première réunion publique, assez houleuse, a déjà eu lieu lundi 22 mai. Trois autres "ateliers participatifs" sont prévus le 12 juin à St-Genis-Laval, et les 13 et 16 juin à Oullins. Il s'agit de réunions ouvertes à tous auxquelles il faut s'inscrire au préalable.
Ce projet de réaménagement des voies fait parti d'une politique plus globale impulsée par la mairie de Lyon, qui cherche à écarter progressivement les véhicules polluants de la ville, en développant les mobilités douces. Mais cette politique écologique se heurte à de plus en plus à des résistances d'habitants, d'associations ou même de mairies d'opposition. C'est le cas à Oullins, comme ce fut le cas à Fourvière où des habitants se sont organisés en collectif pour lutter contre l'instauration d'un sens unique favorisant les cyclistes, ou encore à Caluire-et-Cuire, où le maire s'est directement opposé à un projet similaire.