Décision radicale mais pas exceptionnelle à l'hôpital de Villefranche-sur-Saône. Depuis le 7 avril 2023, et pour au moins deux mois, le service des urgences n'accueillera que les urgences vitales, faute de personnel. Pour les autres patients, il faut désormais se tourner vers les médecins de ville, les centres de soins immédiats ou encore, les maisons médicales.
Cette histoire, vous l’avez déjà lue un certain nombre de fois. C’est au tour de l'hôpital de Villefranche-sur-Saône de prendre une décision radicale pour éviter la fermeture du service. La date du 7 avril marque à nouveau la détresse du système hospitalier. Faute de personnel, le service des urgences est contraint de mettre en place un protocole de réorientation des patients et accueille uniquement les urgences vitales. Et ce, dans l’objectif de concentrer les équipes médicales sur les patients qui nécessitent une prise en charge hospitalière.
Un tri essentiel
D'ordinaire, le service des urgences de Villefranche-sur-Saône accueille et soigne en moyenne 120 patients par jour. Seulement, parmi eux, en moyenne, 10% des cas ne nécessitent pas une prise en charge hospitalière. Si avant le service était en capacité de traiter ces patients, aujourd’hui, c’est un luxe qu’il ne peut plus se permettre. Il manque une dizaine de médecins urgentistes, et les soignants se voient dans l’obligation de faire un tri.
“L’infirmière qui est à l'accueil des urgences, effectue un tri des patients qui vont arriver. Il va lui permettre de classer les patients en fonction de critères de gravité. Cette procédure va déterminer si les patients relèvent d’une prise en charge en urgence ou pas”, explique Caroline Rutkowski, cadre de santé aux urgences.
Informer la population
Cela permet d’éviter la fameuse attente interminable pour le patient, qui est invité à s’adresser soit à son médecin traitant, soit au centre de soins immédiats de Villefranche, ou encore aux maisons médicales de garde.
“Ce qui est important pour nous, c’est d’informer la population de toute l‘offre de soins, y compris en médecine de ville, avec des autres structures qui peuvent les accueillir, pour éviter qu’ils attendent aux urgences, parfois de nombreuses heures parce qu’ils ne sont pas prioritaires”, souligne Anne Metzinger, directrice générale adjointe des hôpitaux nord-ouest.
Mais là aussi, il peut y avoir problème. “L’offre de ville peut aussi être parfois saturée, on en a conscience. Après, c’est un travail que l’on fait, encore une fois, avec eux et qu’on évaluera avec eux, de voir combien de patients ça a représenté, sur les deux mois de cet accord dérogatoire pour réorienter les patients”, poursuit la directrice générale adjointe.
Un crève-cœur
Habituellement, ce fonctionnement est réservé aux mois d’été. Seulement là, il est mis en place pour éviter la fermeture du service. Les nuits sont sous haute tension, avec un seul urgentiste au lieu de deux. Malgré la présence de médecins spécialistes et d’internes, la situation inquiète les soignants.
“C’est un crève-cœur, pour tout médecin, de ne pas pouvoir prendre en charge correctement ses patients, témoigne Dr Marc du Besset, médecin urgentiste. Le problème qui se pose, il relève tout simplement de la gestion du flux des patients et de la prise en charge de plusieurs urgences vitales immédiates, en étant seul la nuit.”
Deux recrutements sont annoncés pour le mois de juin, ainsi que le retour d’un congé maternité. Mais l'application de la loi Rist depuis le 3 avril, qui prévoit de plafonner la rémunération des médecins intérimaires, ne risque pas d'arranger la situation.