Une réflexion va s'engager sur des possibilités de changer le nom de certaines rues ou places portant le nom de personnalités controversées ou ajouter des plaques explicatives. C'est le cas place Sahonay, dans le 1er arrondissement de Lyon, où trône la statue du sergent Blandan. Une statue érigée en 1900 pour célébrer la colonisation.
Considéré en son temps comme un héros de la colonisation de l'Algérie, le sergent Blandan trône sur la place Sathonay dans le 1er arrondissement de Lyon. La municipalité a décidé d'apposer une plaque pour expliquer dans quel contexte historique cette statue a été installée sur l'espace publique. Les habitants sont divisés.
Déboulonner une statue ou pas ? Ajouter des plaques explicatives ? Ne rien faire ? Ces dernières années, la présence dans l'espace public d'hommages à des personnes, dont on questionne aujourd'hui les actions passées, suscite de nombreux débats.
Ces derniers temps la ville de Lyon a décidé de réfléchir à la question et a déjà pris une décision. La statue du sergent Blandan, présente sur la place Sathonay dans le 1er arrondissement, sera bientôt agrémentée d'une plaque expliquant le contexte historique de l'époque.
"Ceci permettra d'informer le passant et peut-être de susciter en lui des questionnements sur notre passé et sur notre manière d'en parler et de le représenter", explique Sylvie Tomic, adjointe à la Mémoire à la ville de Lyon, lors du conseil municipal du 14 novembre 2024.
Un "martyr" de la conquête d'Algérie
Jean Pierre Hyppolyte Blandan était un militaire français, né le 9 février 1819 à Lyon et mort 23 ans plus tard à Boufarik lors de la conquête française de l'Algérie. Sa mort fut considérée comme héroïque au sein de l'armée française, car il aurait refusé de baisser les armes alors qu'il était à la tête d'une vingtaine d'hommes dans une bataille face à 300 adversaires arabes.
Très vite, il est donc érigé en "héros" de la conquête et a été élevé au rang de chevalier de la légion d'honneur à titre posthume. À Lyon, on donne son nom à une caserne militaire un siècle après sa mort (qui deviendra ensuite un parc éponyme), et une rue du 1er arrondissement porte également son nom.
Des avis partagés
La statue de la place Sathonay est, elle, inaugurée dès le 22 avril 1900. Dans le quartier, la décision de la mairie divise.
"La statue fait parler, l'abbé Pierre a fait parler, on remue plein de choses comme ça, c'est dommage. Ce qui est passé est passé, sinon on en finit plus", répond Michèle, une habitante du quartier depuis plus de 50 ans, quand on lui demande son avis sur la question. Pour elle, le sujet se trouve surtout autour de l'entretien de la statue. "On se demande toujours pourquoi elle n'est pas nettoyée jusqu'en haut" nous raconte-t-elle.
D'autres approuvent l'apposition de cette plaque. "On peut mettre un panneau, ainsi les gens connaîtront mieux l'histoire du pays où ils vivent", pense Fayssal, un jeune étudiant. "Il faut connaître toute l'histoire, son début et sa fin pour la comprendre, pas uniquement ce qui peut nous arranger ou non", poursuit-il.
D'autres encore voient d'un très mauvais œil cette décision. "Je trouve que cela oriente aussi le débat de dire "attention, il faut penser comme cela". C'est déjà une forme de parti pris", affirme un touriste belge de passage à Lyon.
La ville de Lyon réfléchi également a débaptisé des noms de rue, mais aucune décision n'est encore actée.