Il y a tout juste 5 ans, le 11 novembre 2019, la petite commune ardéchoise du Teil était dévastée par une puissante secousse. Cinq ans après le drame qui a occasionné de lourds dégâts matériels, les habitants ont toujours ces quelques secondes en mémoire. Un traumatisme difficile à surmonter. Pour le maire du Teil, Olivier Peverelli, comme pour ses administrés, il n'est pas simple de tourner la page.
"11h52, je suis dans la maison familiale, un grand bruit, un bruit sourd, on sent que ça vient des entrailles de la terre. On ne sait pas ce qui se passe. On se retrouve par terre, les meubles sont par terre... on sort et il n'y a plus un bruit". Invité de l'émission Dimanche en Politique à la veille du cinquième anniversaire de la catastrophe, Olivier Peverelli, maire du Teil depuis 2008, se souvient encore du moment précis du séisme et du "grand silence" qui a suivi. L'élu, bouleversé, a encore du mal à contenir son émotion à la vue des images de sa commune dévastée. Un traumatisme difficile à surmonter.
Une ville dévastée
La terre a tremblé au Teil, ce 11 novembre 2019, jour férié. Une puissante secousse de cinq secondes survenue à la mi-journée, à 11h52 très précisément. Les immeubles n'ont pas résisté au séisme de magnitude de 5,4 sur l'échelle de Richter. Certains bâtiments se sont effondrés comme des châteaux de cartes. Au total, ce sont 1 200 logements qui ont été détruits et 800 bâtiments impactés.
Le quartier de la Rouvière a été ravagé, ainsi que trois écoles et l’église du centre-ville. Jamais depuis 1967, un tremblement de terre n’avait causé autant de dégâts en France. Les 9 000 habitants ont été secoués. Par chance, seules quatre personnes ont été légèrement blessées. Un vrai miracle.
Traumatisme
Des maisons effondrées, des bâtiments lézardés et devenus inhabitables. Il a fallu trouver des solutions de relogement en urgence. Puis, lorsque les Teillois ont réalisé l'ampleur des dégâts, il a fallu envisager des hébergements provisoires. Du provisoire qui a duré des mois, voire plusieurs années pour certains avant de retrouver une vie normale ou de réaménager dans leurs habitations. Ce sont près de 1 500 personnes qui ont été contraintes de quitter la commune. Certains ont tout perdu. D'autres ont dû se résoudre à ne jamais pouvoir réintégrer leur maison de famille. Depuis cinq ans, la cité se relève peu à peu, se reconstruit, mais le traumatisme est loin d'avoir disparu. Les habitants ont encore du mal à tourner la page. Pour Olivier Peverelli, le traumatisme est d'autant plus fort que le séisme était inattendu.
La ville est soumise à de nombreux risques (...). Le risque séisme, on l'aurait mis en dernier. Et puis c'est arrivé. Tout le monde était stupéfait. C'est un traumatisme parce que c'est violent et totalement inattendu.
Olivier PeverelliMaire (PS) du Teil
"Une équipe de psychologues est intervenue dès les premiers jours pour entrer en dialogue avec la population et la soulager. Beaucoup de gens étaient affolés, n'avaient plus d'endroit où aller, c'était très lourd à porter. Cette équipe mobile est restée quelques semaines au Teil, mais on s'est rendu compte il y a deux ans que ce traumatisme est resté en profondeur chez les habitants", explique Olivier Peverelli. Pour preuve, une prise médicamenteuse plus importante au Teil qu'ailleurs et en hausse depuis 2019. Un constat établi avec l'Agence Régionale de Santé. "Avec l'ARS et l'État, on a pris la décision d'ouvrir une permanence avec une psychologue", indique le maire.
Lente reconstruction
"Une maison sur deux était touchée. On a pris conscience dès les premières minutes que ce serait long. Je crois qu'on s'est dit qu'on rentrait dans une phase qui durerait des années", a expliqué le maire. Ce dernier explique, cinq ans après le tremblement de terre, "ne pas avoir une journée sans une réunion sur le séisme". "C'est lourd et on a vraiment toujours une pression et une tension sur les épaules", ajoute Olivier Peverelli.
Impliquer les habitants dans la reconstruction
La rencontre du maire avec une secouriste qui avait été présente à L'Aquila est déterminante. La ville italienne des Abruzzes a été détruite par un puissant séisme en avril 2009, dix ans auparavant. Le message de la secouriste à l'adresse du maire est sans équivoque : ne pas commettre la même erreur que les Italiens. Le gouvernement Berlusconi de l'époque avait pris la décision de reconstruire une ville nouvelle à quelques kilomètres de la commune sinistrée. Un coûteux échec et un exode la population. Au Teil, une autre décision a été prise. "Tout de suite, on s'est dit qu'il fallait embarquer la population dans la reconstruction. On a discuté avec les habitants, quartier par quartier", rappelle le maire. Olivier Peverelli ne compte plus les réunions de concertation.
Des réunions et un travail acharné qui permettent progressivement au Teil de renaître. La reconstruction a cependant un coût, financé par l'État : environ 40 millions pour les bâtiments publics, et 260 millions pour les bâtiments privés. Et si Le Teil porte les stigmates du séisme de 2019, les habitants sont loin d'avoir déserté et restent attachés à leur ville. En 2024, selon une estimation du dernier recensement, la modeste commune ardéchoise compte 8 600 habitants. Ils étaient 9 000 Teillois en 2019.