Ce lundi 9 décembre, un séisme de magnitude 4,2 sur l’échelle de Richter a été enregistré dans la vallée de l'Ubaye dans le département des Alpes-de-Haute-Provence. Les secousses ont été ressenties jusqu'à Nice. Phénomène fréquent ? Comment s'en protéger ? On fait le point avec Christophe Larroque, géologue au laboratoire GéoAzur.
Il est 11 h 41 lorsqu'un tremblement de terre d’une magnitude de 4,2 a secoué la vallée de l'Ubaye, dans les Alpes-de-Haute-Provence, ce lundi.
L'épicentre a été géolocalisé au niveau de la commune de Saint-Paul-sur-Ubaye, non loin de Gap, à 4 km de profondeur. L'onde de choc s'est même déplacée jusque sur la Côte d’Azur et des secousses ont été ressenties à Nice.
En octobre dernier, un séisme avait déjà été enregistré sur la même zone. Tout comme en septembre, ce mois-là, un tremblement de terre de la même envergure avait notamment secoué le Var.
Pourquoi ce phénomène est-il fréquent dans la région ? Doit-on s'en inquiéter ?
Christophe Larroque, sismologue au laboratoire GéoAzur, nous éclaire.
France 3 Côte d'Azur : Comment expliquer cette succession de séisme sur le territoire ?
Christophe Larroque : "Elle n'est pas plus étonnante que ça. Le sud-est de la France est particulièrement sismique, surtout en mer. On a vraiment caractérisé tout un système de failles en mer au large de Nice, Monaco et jusqu'en Italie. On peut de façon simple se rappeler que la région fait partie du domaine alpin, dans une chaîne de montagnes qui continue à se déformer de façon active. Et parmi les éléments de la déformation, les tremblements de terre sont les principaux phénomènes."
France 3 Côte d'Azur : De fait, le tremblement de terre de ce lundi 9 décembre est-il notable par rapport à d'autre ?
Christophe Larroque :"Oui, mais ce n'est pas non plus un séisme considéré comme très important. Nous le qualifions de modéré, c'est-à-dire qu'il est un petit peu plus fort que la moyenne de ce que l'on enregistre. Toutes les semaines, voire tous les jours dans la région, on relève des tremblements de terre plus petits. Ceux-là ne sont pas ressentis par la population, contrairement à celui de lundi qui a été ressenti jusqu'à Nice et la banlieue de Grenoble.
Et, des séismes modérés comme ça, on en a tous les quatre à cinq ans sur notre territoire. Donc, c'est quelque chose que les habitants de la zone connaissent. D'autant plus que sa magnitude, 4,2, n'est pas énorme si on la compare aux derniers gros tremblements comme au Maroc en septembre de l'année dernière, par exemple. C'étaient des événements avec des magnitudes qui étaient proches de 7."
La magnitude d'un séisme est la quantité d'énergie qui est produite par le frottement des deux blocs de roche sur la faille et la quantité d'énergie qui va être transportée par ces ondes sismiques
Christophe Larroquesismologue au laboratoire Géoazur
France 3 Côte d'Azur : À l'avenir, peut-on s'attendre à des séismes de cette envergure dans la région ?
Christophe Larroque : "C'est possible, puisque nous sommes sur un territoire sismique et que l'on observe le plus souvent des petits tremblements de terre et des tremblements de terre modérés, comme celui d'hier. Par ailleurs, des séismes de magnitude 6 ont déjà été enregistrés dans la région par le passé. Ils sont très anciens. Le plus gros séisme date ainsi du 23 février 1887. Il s'était produit en mer, au large de San Remo donc juste de l'autre côté de la frontière, à une vingtaine de kilomètres de la côte. Sa magnitude est estimée à 6,8, à peu près.
Là, c'est vraiment un très gros événement qui peut engendrer beaucoup de dégâts, sur plusieurs dizaines de kilomètres."
France 3 Côte d'Azur : Êtes-vous en mesure de pouvoir prédire quand est-ce qu'un tel séisme peut arriver ?
Christophe Larroque : "Non, on est absolument incapable de prévoir le moment où un tremblement de terre va se déclencher. On ne dispose d'aucune méthode à l'heure actuelle pour cela, bien qu'il y ait des équipes scientifiques qui travaillent sur cette question. Ainsi, pour le moment, tout ce que l'on peut faire, c'est de cibler la prévention : caractériser le type de tremblement de terre qui peut se produire, à quel endroit il peut se produire, avec quelle magnitude.
Cela permet de travailler en amont sur les questions par rapport aux dégâts potentiels que le tremblement de terre qui arrivera un jour, même si l'on ne sait pas quand."
France 3 Côte d'Azur : De fait, comment peut-on se protéger en amont d'un séisme ?
Christophe Larroque :"Il faut savoir une chose : un tremblement de terre n'a jamais tué personne, c'est l'écroulement des bâtiments qui tue. Donc, l'objectif dans les régions sismiques, comme la nôtre, c'est à tout prix d'empêcher cela. C'est pourquoi, un ensemble de règles de construction parasismique a été défini pour que les bâtiments puissent résister aux secousses produites par le tremblement de terre attendu sur notre territoire zone. Mais, le gros problème sociétal, c'est que ces réglementations parasismiques ne s'appliquent qu'aux neufs… C'est un gros problème.
Par exemple, en 2019, il y a eu un séisme modéré, de magnitude 4,9, qui s'est produit en Ardèche, près de Montélimar. Il a détruit une petite partie du village du Teil. Plus d'une centaine de maisons se sont effondrées et ce sont des maisons de construction traditionnelles, en pierre, sans renforcement parasismique.
Donc ça, c'est la question inquiétante, qui est en discussion, mais c'est très compliqué de renforcer des bâtiments déjà construits."
Que faire en cas de séisme ?
Lors d’un séisme, il est bon de savoir quels sont les bons gestes à adopter afin d’éviter un quelconque danger.
Lors d’une secousse, il est primordial d'être abrité. Éloignez-vous des fenêtres et ne restez pas près des lignes électriques. Stoppez vos déplacements et restez attentif à l’évolution de la situation avant de faire des constats et de quitter votre domicile.
Le bureau central sismologique français (BCSF) appelle les personnes qui ont ressenti le séisme à témoigner sur ce lien.