Le 16 juin 2023, un tremblement de terre de magnitude 5 frappait l'ouest de la France. Le village de La Laigne, épicentre du séisme, et ses alentours étaient durement touchés. Près d'un an et demi après, certaines familles, exténuées, s'apprêtent à passer leur deuxième hiver relogées dans un mobil-home.
L'attente commence à être longue pour Daniel et Sylvie Robineau. Cela fait plus d'un an que le couple habitant à Cram-Chaban, à côté de La Laigne en Charente-Maritime, est relogé dans un mobil-home. "On est arrivé là parce que, quand il y a eu le séisme en juin 2023, la maison avait bougé. On ne s'était pas aperçu que les charpentes étaient abîmées, et il y a eu une grande tempête en novembre. On prenait l'eau", raconte Daniel Robineau. Sa maison est tout de suite déclarée inhabitable et doit être quitté en urgence. Si l'attente se fait longue, le couple aperçoit enfin "le bout du tunnel", malgré quelque retard dans les travaux. Mais tous n'ont pas cette chance, selon Matthieu Priez, président du collectif Seisme La Laigne, qui vient en aide aux sinistrés : "Il y a toujours un peu plus de 120 familles relogées."
"62 % des maisons les plus impactées n'ont toujours pas d'issues"
Dans le village de La Laigne, épicentre du séisme du 16 juin 2023, les stigmates sont encore bien visibles. De nombreuses maisons sont en phase de démolition ou de rénovation. "Les chantiers de démolition ont commencé depuis un petit moment. Là, il y a une accélération. C'est plutôt bon signe parce que ça veut dire que les dossiers sont traités et en phase d'être clôturés par les assurances", explique Matthieu Priez, satisfait.
Pour autant, le président du collectif Séisme La Laigne ne baisse pas la garde car "62 % des maisons les plus impactées n'ont toujours pas d'issues sur le devenir". "Il y a beaucoup de soucis de mitoyenneté parce qu'il y a différentes compagnies d'assurances, différents experts qui n'ont pas la même analyse des difficultés rencontrées donc oui, il y a beaucoup de dossier qui mettront du temps à être traités", déplore-t-il.
On demande que ce soit réparé, mais personne ne vient, par contre, ils sont là pour venir chercher les fonds.
Daniel Robineau, sinistré
Pour leur maison, Sylvie et Daniel Robineau ont eu affaire à pas moins de quatre experts. Et une fois l'expertise passée, la phase de travaux est une autre épreuve. "Ils nous donnent des dates sans pouvoir les respecter, déplore Daniel Robineau. Je pense qu'ils ont trop de clients, il y a beaucoup de travail dans le secteur, et qu'ils sont débordés."
Une situation bien connue de Matthieu Priez qui note que plus de 60 % des dossiers d'assurances sont clôturés, mais que 120 familles restent relogées. "C'est plus facile de trouver un constructeur de maison neuve plutôt que quelqu'un qui est spécialiste dans la rénovation de pierre, constate le président du collectif Séisme La Laigne. Et aussi, ce qui nous pose problème, c'est que tout ce qui faisait le charme de notre village, à savoir les maisons en pierre, va être remplacé par des constructions neuves."
Des familles en détresse psychologique
Pour les sinistrés, les mois d'attente sont longs. D'autant plus quand l'on aborde son deuxième hiver dans un mobil-home. "Cela fait un an qu'on est là et là, je ne peux vraiment plus. C'est difficile. Je manque de place. On passe d'une maison à 130 m² à 35 m². On a un toit sur la tête, certes, mais le mobil-home n'est pas très stable", déplore Sylvie Robineau.
Son mari aussi commence à s'impatienter, car les conditions sont parfois difficiles. "Un mobil-home n'est pas adapté pour l'hiver, pointe-t-il. Il y a des moments où l'on a froid, d'autres où l'eau gel en dessous. Dans la salle de bain, il n'y a pas de VMC et ça moisi. Tout se délabre dedans. Ce sont des mobil-homes pour les vacances. Et si on me dit d'aller passer des vacances en mobil-home ce sera sans moi, j'ai donné !"
Il y a des moments où l'on a froid, d'autres où l'eau gel en dessous. Dans la salle de bain, il n'y a pas de VMC et ça moisi. Tout se délabre dedans.
Daniel Robineau, sinistré
Cette attente, parfois sans visibilité et dans ces conditions, débouche sur une certaine détresse psychologique pour les sinistrés. Le collectif Séisme La Laigne l'a bien compris et milite depuis un an pour qu'un soutien psychologique leur soit apporté. Une mesure qui a été accordée dernièrement aux habitants de La Laigne et des alentours obligés d'être relogée, grâce au soutien financier de l'Agence Régionale de Santé et du département de Charente-Maritime. "Maintenant, nous demandons que cette aide soit prolongée de six mois. Il faut savoir que ce procédé est installé depuis très récemment et on est déjà à 55 personnes qui ont consulté le psychologue, c'est énorme. Il y a un réel besoin", relève Matthieu Priez.
Plus encore, ce dernier témoigne de famille qui se déchirent dans cette situation et "d'enfants déracinés". Il demande aux assurances d'accélérer la cadence pour les dossiers encore en suspens afin que les familles puissent se projeter. Il conclut : "C'est une reconstruction dans tous les sens du terme !"