Les sinistrés de La Laigne en Charente-Maritime se sont réunis, samedi 4 mai, à Ferrières, pour dresser un point d'étape. Dix mois après le tremblement de terre d'une magnitude de 5,8, plus d'une centaine de familles sont toujours dans l'urgence et se sentent encore perdues face aux démarches à poursuivre.
À l'approche du premier anniversaire du séisme de Charente-Maritime, les sinistrés de La Laigne se sont réunis, samedi 4 mai, à Ferrières, pour faire un point d'étape. Une semaine après les annonces du préfet sur la prise en charge et la gratuité du relogement des victimes, nombre de questions restent encore en suspens.
"J’ai reçu la facture de la REZ : ils vont me rembourser 83€ pour l’année 2024 parce que je n'ai pas eu de conso, explique l'un des sinistrés. Mais je dois payer mon abonnement et une partie consommation. Ce n’est pas normal." Factures d’eau ou d’électricités à payer dix mois après le séisme, expertises incohérentes... Dans la salle, le public hésite entre amertume et résignation.
1,3 million d'euros d'aides déjà déboursés
"On est sur un vieux bâti, en pierre, qui n'a pas été consolidé. Aucune mesure conservatoire n'a été prise, alors que notre façade est en train de tomber sur la rue, s'émeut Manon Airaut, sinistrée. On va reposer une toiture neuve sur une charpente qui ne tient pas. On a peur que notre toit tombe sur la tête de notre bébé de deux ans, et sur la nôtre par la même occasion."
Cent soixante familles sont directement concernées, et une trentaine d'entre elles ne sont pas encore relogées. Depuis le début de la crise, l’État a engagé plus d’1,3 million d’euros d’aides et le préfet multiplie les actions : assurance, expertises et suivis de dossier. Car la problématique n’est pas simple : chaque cas est unique.
"Dans l’urgence, il n'y avait pas assez d’experts, pas assez de bureaux d’études. Les gens ont parfois attendu des mois avant que le premier expert passe et commence à rendre ses diagnostics, relate Brice Blondel, préfet de la Charente-Maritime. Ils nous l’ont expliqué aujourd'hui, certains de ces diagnostics sont inutilisables. Ils ont été faits de manière incohérente, à la va-vite, par des personnes non qualifiées. Et même France assurance le reconnait !"
"C'est notre avenir, l'avenir de nos enfants"
Lors de la réunion à Ferrières, aucune véritable annonce n'a été formulée. L’enjeu est, pour l'heure, ailleurs : entendre les sinistrés et leur faciliter la tâche dans leur quotidien, car la reconstruction va être longue. Ils auront peut-être besoin de plusieurs années pour retrouver une vie normale.
"C’est éreintant. Comme nos maisons, nos cœurs sont fissurés depuis, lâche Mathieu Priez, président du collectif des sinistrés. On est impactés sur le plan psychologique. L'enjeu qui se joue actuellement, c'est notre avenir, l’avenir de nos enfants. Dans la mesure où c'est le patrimoine familial qui est impacté." D'autres réunions et points d’étape sont programmés dans les semaines à venir.