Ce 17 décembre est la Journée internationale contre les violences faites aux travailleurs du sexe. Les prostituées lyonnaises manifesteront à 18h sur la place des Terreaux à Lyon. Elles demandent plus de sécurité.
Ce 17 décembre est la Journée internationale contre les violences faites aux travailleurs du sexe. Les prostituées lyonnaises manifesteront à 18 heures sur la place des Terreaux pour dénoncer ces violences. En 2019, 11 travailleuses du sexe ont été tuées en France, dont 2 à Lyon. Nadja Del’Oro, du syndicat du travail sexuel STRASS, invitée de Stéphanie Loeb dans le 12/13 de France 3 Rhône-Alpes, évoque une véritable escalade et des faits de plus en plus graves.
- Cette année 2020, elle a été particulièrement noire en matière d'agressions de prostituées?
Nadja Del'Oro: Ce qu'on a vu surtout, c'est l'intensité des violences qui a totalement explosé. On a vu des agressions terribles où des personnes sont arrivées en bande et il y a eu des tirs de mortiers. Mes collègues étaient menacées avec des marteaux. On a volé des camions avec les filles, avec une collègue à l'intérieur qui continuait d'être battue avant d'être jetée nue dans la rue et le camion brûlé sur place.
- La violence, c'est une inquiétude quotidienne dans votre profession?
Pour nous, la sécurité est très très importante. Nous souhaitons pouvoir exercer notre activité, en profitant de cette sécurité. Mais le fait est que lors d'agressions, tel que je vous dis, la police n'était pas intervenue... malgré les appels.
- Des agressions de prostituées sont pas traitées comme n'importe quelle agression?
Non, parce qu'il y a de nombreux appels. Souvent, la police n'intervient pas. (Pour celles qui vont) porter plainte, tout de suite, on décharge la culpabilité, sur la personne prostituée, en l'interrogeant elle-même, sur son activité plutôt que de s'intéresser à l'agresseur. Et il faut sans cesse leur rappeler que dans cette affaire, nous sommes une victime.
- C'est encore plus dur, économiquement en tout cas, en cette année de crise sanitaire?
Oui, les travailleuses du sexe ont été fortement impactés. Beaucoup ont perdu leur logement. Il y en a pour qui il était même compliqué d'accéder à de la nourriture ou des produits de base.
Justement, est-ce que vous réclamez une aide de l'Etat comme un tas d'autres professions?
Oui. Nous avons réclamé déjà un fonds d'urgence depuis mars qui nous a été refusé. Et nous le réclamons encore et toujours pour subvenir aux besoins, ne serait-ce que essentiels et de base. Parce que nous, les associations, nous sommes maintenant exsangues de toutes ces demandes et toutes ces personnes se retrouvent à la rue.
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