Entre les sites de Lyon et de Bourg-en-Bresse, 355 candidatures au départ ont été enregistrées au 3 février 2021 au sein de Renault Trucks. Les dirigeants de l'entreprise n'en demandaient pas tant. Cet afflux de voeux de départ a même surpris, poussant le syndicat CFE-CGC à s'interroger.
Elles sont arrivées de Limoges, de Blainville-sur-Orne, de Bourg-en-Bresse, et majoritairement de Lyon. "Plus de 373 candidatures à la Rupture Conventionnelle Collective ont été reçues au 3 février 2021 par Renault Trucks", annonce le syndicat CFE-CGC. C'est bien plus que l'objectif des 290 départs volontaires réclamés par la direction. Et il y a de quoi s'interroger. "Il y a 10 à 15% des techniciens et des cadres qui ont vraiment envie de partir. Cela traduit un climat plutôt moyen dans l'entreprise", nous confie ainsi l'élu syndical, Eric Freyburger.
Partir pour créer son entreprise
Élu au Comité social et économique central de Renault Trucks, Eric Freyburger a eu l'occasion de s'entretenir des suppressions de postes avec une trentaine de salariés. Certains avaient peur d'être obligé de quitter leur emploi, d'autres étaient prêts pour une retraite anticipée. Beaucoup ont aussi montré une réelle "motivation pour partir vers autre chose, tiré par un autre projet".
Le 11 décembre 2020, le syndicat CFE-CGC a signé l'accord misant sur 290 départs volontaires au sein de Renault Trucks. À ce moment-là, il y a eu comme une "crainte du pas assez", que les candidatures ne soient pas assez nombreuses, mettant à mal la garantie de l'emploi jusque fin 2022. Finalement, plus de 373 demandes de départ ont été formulées. Sur les sites de la Métropole de Lyon, Eric Freyburger en comptabilise 333, dont 104 pour des projets de création d'entreprise.
Cela démontre qu'il y a encore de l'esprit d'initiative, c'est une bonne chose. Mais cela veut dire aussi que les gens ne sont pas bien chez Renault Trucks. Cela traduit un certain malaise.
Cela interroge
Comment expliquer ce grand nombre de voeux de départ ? Difficile à cerner. "Est-ce l’annonce brutale des réductions d’effectifs au mois de juin en plein chômage partiel et télétravail ? Les augmentations salariales trop faibles (1%) au vu des excellents résultats financiers de Volvo ? L’absence de confiance dans un groupe en transformation rapide ? Le manque de recherche et de développement intéressant en France ?" Pour le syndicat CFE-CGC, la situation pose question.
La faute à trop de changement et de réorganisation ? Eric Freyburger y trouve une possible explication. Le syndicaliste convient qu'il peut être déroutant et démotivant pour des salariés, de s'entendre dire que leur poste va être supprimé, et que quelques années plus tard, il soit remis en place. Et puis, l'entreprise souhaite beaucoup se transformer, "a pris un virage volontariste vers l’électromobilité". Mais Eric Freyburger concède que toutes les recherches sur ce secteur se font en... Suède.
Ce plan de départs volontaires chez Renault Trucks concerne les techniciens et les cadres. "Pas les ouvriers, et heureusement vu le niveau des commandes...", souligne l'élu syndical. Les usines de production ont remonté en cadence depuis l'automne, sans que cela soit prévisible. Si des postes y avaient été supprimés, "l'entreprise aurait été obligée de prendre des intérimaires et de réembaucher du monde".
Une première commission de suivi des demandes de départ va avoir lieu la semaine prochaine. Il y en aura jusqu'à ce que les 290 départs soient atteints. Vu le nombre de candidatures supplémentaires, il va aussi falloir penser permutations et mouvements internes. A Bourg-en-Bresse par exemple, il manque trois candidatures pour atteindre l'objectif affiché de 25.