40 ans après l'assassinat du général Delfosse par la branche lyonnaise d'Action Directe commémoré à Lyon

L'État-Major de la gendarmerie du Rhône a commémoré ce mercredi 22 mai 2024 l'assassinat du général Delfosse, tué par Action Directe lors d'un braquage en mars 1984. L'occasion de rappeler 40 ans plus tard qui était vraiment la branche lyonnaise d'Action Directe, groupuscule d'extrême gauche dans les années 1980.

Le 27 mars 1984 dans une BNP de la rue Victor Hugo dans le 2e arrondissement de Lyon, le général Delfosse venu déposer un chèque, tente de s'interposer face à une bande de cambrioleurs. L'un des malfrats tire plusieurs coups de feu, l'exécute selon les témoins. 

Tous les ans la gendarmerie nationale rend hommage à celui qui a donné son nom au siège actuel de la gendarmerie. La cérémonie est solennelle d'autant que c'est le 40e anniversaire de ce simple fait divers, de ce braquage qui a mal tourné.

"Il nous inspire tous", raconte le commandant Christophe Marietti, commandant de la région de gendarmerie Auvergne-Rhône-Alpes. "Il a sûrement inspiré également le colonel Beltrame quelques années plus tard lorsque celui-ci a pris la place d'une otage. Le général Delfosse est une image forte pour tous les officiers de gendarmerie" 

La singularité d'Action Directe à Lyon

Action Directe a été créé en 1980 par le Lyonnais André Olivier, un ancien professeur de français et Jean-Marc Rouillan. La branche lyonnaise, autrement appelée l'Affiche Rouge, est totalement en marge de la branche parisienne. Elle est même totalement en clandestinité pendant 5 ans. C'est un groupe qu'André Olivier va constituer en partie avec ses anciens élèves du lycée des Tchécoslovaques et qu'il va entraîner à la lutte armée au nom d’une cause que lui-même a décrétée, explique Richard Schittly, journaliste d'investigation et auteur, spécialiste d'Action Directe. Ils commettent surtout des braquages et peu d'actions politiques, le plus souvent en dehors de Paris.

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Interview de Ricard Schittly journaliste d'investigation, spécialiste d'Action directe sur les caractéristiques de la branche lyonnaise d'action Directe ©Alizée Calvo et Anthony Laurent, France 3 Rhône-Alpes

Le braquage de la BNP à Lyon n'est pas, comme on pourrait le croire, une action politique à l'image des coups d'éclat de Rouillan, Ménigon et leurs complices. Richard Schittly  "Le braquage de la rue Victor Hugo et de la mort du général Delfosse, ce n’est pas du tout un acte politique en réalité. C’est un braquage qui a mal tourné. En 1984 les militants lyonnais d’Action Directe avaient déjà commis 25 braquages. Et là l’un des braqueurs va se retrouver en face du général de gendarmerie qui veut le désarmer. Il va lui tirer dessus à plusieurs reprises, il va littéralement l’exécuter mais ce n’est pas un acte politique prémédité et qui n’a pas été revendiqué ensuite par Action Directe".  

Du fait de sa clandestinité le groupe Action Directe n'est pas du tout dans le viseur de la police : 

"Après la mort du général Delfosse la police a pensé que c’étaient des voyous, que c’était le banditisme lyonnais très actif à cette époque qui avait commis ça. Et ils ont mis beaucoup de temps à se rendre compte de l’étendue des exactions commise par Action Directe. C’est un groupe qui a été révélé avec l’arrestation d’André Olivier en 1986 et on a trouvé les confessions de Max Frérot qui était un autre membre de ce groupe. Et en découvrant la planque d'André Olivier on va révéler tout ce qu'Action Directe avait fait pendant des années".  

Max Frérot sera arrêté l'année suivante lors d'un contrôle de routine. Comme le raconte le journaliste de France 3 de l'époque, Albert Ripamonti : "Un parking souterrain de la Part-Dieu, un contrôle de routine et deux simples gardiens de la paix qui tombent par hasard sur le terroriste le plus recherché de France."

Les deux hommes seront condamnés par la cour d'assises du Rhône puis de Paris à la réclusion criminelle à perpétuité. En 2010 Max Frérot a été remis en liberté.

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