La goélette Tara remonte le Rhône depuis la mer Méditerranée jusqu’à Lyon pour y faire escale entre les deux phases de l’expédition Tara Europa. Une aventure pour collecter des données sur la pollution aquatique du Rhône.
Le voilier Tara a une forme bien particulière, tout en courbe, imaginée il y a trente-cinq ans pour résister à l'épaisseur et la pression de la glace de l'Artique. "C'est le seul voilier au monde, après le Fram, à avoir une dérive transpolaire", explique Martin Hertau. Car ce voilier est un habitué des expéditions autour des pôles.
Depuis près d'un an, le voilier étudie la pollution marine des mers et des fleuves, principalement autour des littoraux européens. Cette fois, ses 36 mètres de long ont remonté le Rhône, quatre jours pour aller de Port-Saint-Louis-du-Rhône jusqu'à Lyon.
Treizième expédition
Son équipage a pour mission d'évaluer la pollution des plastiques et des pesticides dans le fleuve. Quatorze personnes dont six scientifiques se trouvent à bord. "Deux équipes de scientifiques présentes sont spécialisées sur les nanoplastiques, l'idée c'était d'étudier pendant la crue les relargages de matières plastiques et chimiques et leurs impacts.", explique Martin Hertau, capitaine du voilier d'expédition Tara Océan.
Les prélèvements ont été effectués à la hauteur d'Avignon, Valence et Lyon. "On sait que 80% de la pollution marine provient des fleuves et des rivières.", explique Martin Hertau.
Une rosette, un barillet portant des bouteilles de prélèvement, descend jusqu'à 1 000 mètres de profondeur pour prélever plusieurs litres d'eau. "Ces bouteilles sont ouvertes en haut et en bas, donc elles se remplissent quand on les descend, et on ramène 200 litres d'eau. Elles sont équipées de plusieurs capteurs qui permettent d'enregistrer une quarantaine de paramètres physico-chimiques de la mer."
L'équipage s'occupe de la collecte de données mais les analyses ne sont pas faites à bord. Les résultats scientifiques seront obtenus dans plusieurs mois voire des années.
47 jours d'escale
Après une manœuvre périlleuse pour s'amarrer, la goélette s'arrête à Lyon pour 47 jours, leur plus longue escale dans cette aventure. C'est désormais l'occasion d'accueillir le public lyonnais à bord pour sensibiliser à la pollution et à l'impact de l'activité humaine sur notre planète.
Seize millions de tonnes de plastiques finissent dans la mer aujourd'hui.
Étienne BourgoisPrésident et fondateur de la fondation Tara Océan
"La production de plastiques va être multipliée par trois d'ici 2060, c'est énorme ! Or, on essaie de faire comprendre que cette activité à terre, a des conséquences désastreuses aussi sur les océans.", ajoute Étienne Bourgois.
Tara restera amarrée près du musée de la Confluence avant de poursuivre son expédition nationale en mer Méditerranée.