Marche, pétition, appel sur les réseaux sociaux et grève de la faim. Depuis le 22 janvier, à Givors, les enseignants du Collectif Aubrac ont multiplié les actions, pour obtenir des moyens supplémentaires. Ce jeudi 11 février 2021, Pierre et Leïla ont suspendu leur grève de la faim.
Une enseignante prise à partie et insultée par des jeunes à la sortie du collège, un ciseau planté dans un tableau par un élève après une remarque d'un professeur d'Espagnol, une AED bousculée... "Cette série d'agressions, c'est l'étincelle qui a mis le feu aux poudres", résume Pierre, enseignant en grève de la faim depuis 17 jours. Les enseignants du collège Lucie Aubrac de Givors dénonçaient depuis plusieurs semaines la multiplication des incidents et agressions. "La situation se dégradaient depuis 2015 et on alertait à chaque fois mais cette série d'agressions a été un révélateur, à commencer par nous", a expliqué le professeur contacté par téléphone mercredi 10 février. Le lendemain, Pierre et sa collègue Leïla, ont finalement suspendu leur grève de la faim.
De l'eau, du bouillon et de la détermination...
Les professeurs du collège Lucie Aubrac ont décidé de passer à l'action et de le faire savoir. Après le blocage du collège le 22 janvier dernier, deux enseignants de cet établissement ont entamé le 25 janvier une grève de la faim. Pierre et Leila sont respectivement professeur d'histoire-géographie et professeur d'arts plastiques. Pas d'aliments solides, les deux grévistes de la faim n'ont avalé que de l'eau et du bouillon depuis le début de leur action. Du bouillon "pour pouvoir tenir longtemps sans mettre trop rapidement notre santé en danger," précise-t-il. Et tous deux ont déjà perdu au moins 7,5 kg et leurs bras ont fondu mais "le moral reste bon", tient à souligner Pierre mais "si le temps commence à être long". Un espace couchage a été installé dans l'établissement pour les deux grévistes de la faim qui multipliaient les interviews aux médias ce matin. Pierre et Leila sont installés dans une petite pièce voisine de la salle des professeurs et dorment sur des matelas posés à même le sol. Ils sont bien déterminés à poursuivre leur action...
Bientôt une sortie de crise et une issue ? Pierre l'espère; d'autant que le Directeur académique des services de l'éducation nationale (DASEN) a annoncé tardivement dans la soirée de mardi sa visite ce mercredi matin, 10 février, à 11h pour rencontrer l'équipe enseignante. Ce professeur espère que cette entrevue sera plus fructueuse que la précédente, celle du jeudi 4 février dernier. Les enseignants du collège Aubrac ont eu le sentiment d'être traités par "le mépris".
REP + : le classement et/ou les moyens
"On tient à préciser que nous ne sommes pas en conflit avec notre chef d'établissement mais avec le rectorat", indique Pierre. Que réclame l'équipe de cet établissement givordin classé REP ? La demande porte sur un classement dans le dispositif REP+ et donc sur davantage de moyens humains. Au début du mouvement, fin janvier le rectorat avait fait un pas en avant : un poste d'AED (Assistant d'Education) et un poste de CPE à temps plein avaient été accordés. Insuffisant pour le collectif enseignant qui réclame davantage de moyens humains pour accompagner les collégiens et assurer leurs missions pédagogiques dans de bonnes conditions. "On a obtenu des moyens en terme d'encadrement de la vie scolaire mais il nous manque tout le reste", indique Pierre et notamment les "moyens des enseignants".
Le classement en REP+, les enseignants du collectif givordin ont fait la liste de ce qu'ils avaient obtenu et la liste de leurs revendications non satisfaites, et de leurs revendications "complémentaires".
Le Collectif Aubrac multiplie les actions depuis bientôt trois semaines. Ainsi, ce mercredi 10 février, un rassemblement est prévu à 14h, devant la mairie de Givors. Une délégation sera reçue par le maire pour tenter de trouver une sortie à cette crise. Le collectif a également fait appel aux élus locaux et entent également interpeller le ministre de l'Education Nationale.
Pour sortir de cette crise, à défaut d'un classement de leur établissement en REP+, le collectif réclame "les moyens du REP+" et surtout l'engagement que ces moyens seront maintenus et respectés par le Rectorat, "jusqu'à la nouvelle carte de l'éducation prioritaire". Elle est prévue en 2022, mais "peu importe l'année de publication de cette carte", précise Pierre.
Les syndicats d'enseignants du primaire (SNUIpp-FSU, SNUDI-FO, SUD) ont également annoncé leur volonté de multiplier les actions et les prises de paroles pendant la période des vacances, en parallèle de l'action du Collectif Lucie Aubrac qui se veut le représentant de "l'ensemble des personnels du collège". Ainsi, ce mercredi 10 février, à 11h, les professeurs des écoles devaient être reçus par l'Inspecteur de l’Education Nationale, en charge de la circonscription de Givors.