Les enseignants du collège Lucie Aubrac sont en colère. Le vendredi 22 janvier, 8h, devant les grilles de l'établissement, ils ont refusé d'accueillir les élèves. L'équipe proteste contre la multiplication des "agressions" depuis le début de l'année scolaire.
Mardi 19 janvier, à 17h, une collègue du Collège Lucie Aubrac de Givors a été prise à partie par plusieurs élèves de l'établissement alors qu'elle quittait les lieux. Après avoir franchi le portail, l'enseignante a été "abordée" par un élève qui "lui a entravé le passage". Il était accompagné de plusieurs autres élèves. Ils l'ont retenue, empêché d'avancer et l'ont finalement insultée quand elle a réussi s'éloigner, selon un de ses collègues.
Les enseignants en ont assez et veulent le faire savoir : "c'est la 4ème agression grave au collège Lucie Aubrac depuis le début de l'année scolaire" écrit ce dernier. Pour manifester leur solidarité avec leur collègue "et témoigner leur indignation", l'équipe enseignante a refusé d'accueillir les élèves jeudi matin entre 10h et 12h. Au lendemain de cette action, ce vendredi 22 janvier à partir de 8h, l'équipe enseignante en grève, empêche également l'accès à l'établissement scolaire. Classé en REP (réseau d'éducation prioritaire), l'établissement qui compte près de 540 élèves a été bloqué vendredi matin. Les enseignants demandant des mesures pérennes.
Interrogés ce vendredi matin, devant les grilles du lycée, des enseignants ont réagi et expliqué qu'ils ne se sentaient plus en sécurité, comme ce professeur d'Espagnol : "C'est des faits qui sont choquants, qui sont perturbants. On ne se lève pas le matin pour voir ce genre de choses. Je me considère comme un professeur amoureux de son métier et passionné".
[► L'enseignant a eu une altercation avec un élève de classe de 4e, âgé de 13 ans et demi. Les faits se sont déroulés le 18 janvier dernier. Le professeur a fait une remarque au sujet de l'oubli d'un livret. L'élève, avait alors "outragé" ce dernier, puis jeter une paire de ciseaux qui s'est plantée dans le tableau de la classe. Le professeur n'a pas été blessé. Selon la police, l'élève a expliqué qu'il avait été "irrité" car il avait reçu des remarques devant ses camarades. Il devait être présenté au parquet le 26 janvier en vue d'une procédure de réparation]
Les professeurs réclament des moyens. Pour Claire Caron, enseignante et représentante du Syndicat National des Lycées et Collèges explique : "pas plus tard qu'hier soir (jeudi 21 janvier), un de nos collègues a été poursuivi en voiture et a failli être écrasé à plusieurs reprises. Nous sommes dans un climat de sécurité physique qui n'est pas forcément garantie. A cette demande de moyens pérennes, on nous a assuré du soutien de l'institution mais aucune mesure concrète et stable d'allocation de personnel ne nous a été octroyée".
Les enseignants, qui ne se sentent pas écoutés, vont reconduire leur grève ce lundi 25 janvier. Deux d'entre eux ont décidé d'entamer une grève de la faim ce même jour.
Le député Jean LREM Jean-Luc Fugit est venu à la rencontre de l'équipe pour leur apporter son soutien : "La professeure, qui a été verbalement agressée l'autre jour avec des propos qu'on ne peut pas entendre. Une agression verbale en direction des femmes, c'est insupportable aujourd'hui", a-t-il réagi, évoquant l'incident du mardi 19 janvier.
D'autres incidents dans l'académie
Selon nos confrères du Progrès, cinq professeurs du collège Paul-Eluard ont été placés sous protection fonctionnelle après avoir été suivis et insultés par des élèves à la sortie de l'établissement de Vénissieux. Les faits remontent au vendredi 15 janvier. Les cinq enseignants ont été pris à partie par un groupe de jeunes, alors qu'ils se trouvaient dans la rue et rejoignaient la ligne T4 du tramway. Toujours selon le quotidien régional, des insultes ont fusé puis la rame de tram a été caillassée. Une plainte a été déposée et le Rectorat a été alerté de la situation.