Givors, près de Lyon : deux enseignants en grève de la faim au collège Lucie Aubrac

A Givors, les professeurs du collège Lucie Aubrac ont dénoncé en fin de semaine dernière des agressions à répétition. Malgré l'annonce de moyens supplémentaires alloués par l'académie, ils ont décidé de maintenir la pression. Deux enseignants ont entamé une grève de la faim lundi 25 janvier.

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"Nous entamons aujourd'hui, le 25 janvier, notre première journée de grève de la faim..." Pierre et Leila, deux enseignants du collège Lucie Aubrac, à Givors, ont lancé cette action en fin d'après-midi et posté ce matin leur première vidéo de deux minutes sur les réseaux sociaux pour expliquer les revendications. Derrière les deux enseignants masqués, installés en salle des profs, un slogan qui résume leur action menée au nom de l'équipe enseignante : "l'éducation doit rester prioritaire". 

"Suivez-nous ... on a besoin de vous" 

Pierre et Leila sont, respectivement, professeur d'histoire-géographie et enseignante en Art Plastiques. "Une grève de la faim peut paraître un peu excessif pour des profs. Mais elle s'inscrit dans une démarche collective forte qui est ancienne," explique Pierre. "On a des revendications anciennes qui n'aboutissent jamais ... " malgré les grèves, les manifestations, les pétitions et autres actions menées depuis 5 à 6 ans. "On s'est dit qu'on allait passer à l'étape au-dessus et frapper un grand coup !" A ses côtés, Leila lève le poing en signe d'approbation. "Nous avons besoin de vous aujourd'hui, nous avons besoin de votre soutien. Nous demandons le REP + (...) Il nous faut du temps, il nous faut des moyens afin que les familles construisent avec nous, avec les élèves un projet pédagogique viable", ajoute-t-elle.  

L'équipe enseignante de ce collège de Givors classé REP, compte une quarantaine d'enseignants. Elle s'est lancée dans un bras de fer avec l'académie et a pris le nom de "Collectif Aubrac".

Pourtant, le lundi 25 janvier, l'inspecteur d'académie s'est rendu au collège Lucie Aubrac et proposé des mesures en urgence. Il a annoncé la création d'un demi-poste supplémentaire de conseiller principal d'éducation (CPE). Ce qui porte ainsi la dotation du collège à 2 CPE. L'inspecteur a également annoncé la création d'un poste d'assistant d'éducation (AED) jusqu'en juin. "Ils seront opérationnels avant les vacances d'hiver", a indiqué l'académie. "Avec ces moyens supplémentaires, le collège Lucie Aubrac disposera désormais des moyens équivalents à un établissement classé en REP+", est-il précisé. Par ailleurs, le recteur de l'académie de Lyon a "réitéré tout son soutien aux enseignants, victimes dans le cadre de leurs fonctions de toute forme d'agression."

Des moyens supplémentaires jugés "insuffisants"

Mais ces moyens alloués en urgence sont jugés "insuffisants" par l'équipe enseignante qui entend maintenir la pression et décidé de lancer cette grève de la faim. "Ce n'est qu'une partie de ce dont on avait besoin. On a obtenu un poste de CPE à temps plein et un AED jusqu'en juin. Ce n'est pas suffisant, on continue la mobilisation", expliquait ce mardi matin, Gaëlle Devin, porte-parole des enseignants auprès de la presse. Les enseignants réclament notamment un classement en REP+ depuis plusieurs années, une demande qui aurait dû être satisfaite en 2015, selon Gaëlle Devin.

Après les agressions récentes survenues ces dernières semaines et dénoncées vendredi 22 janvier dernier, les professeurs entendent maintenir la pression sur les autorités académiques. Outre la grève de la faim entamée à 17h, lundi après-midi, une marche est prévue samedi 30 janvier, à partir de 9h du matin dans les rues de Givors. Les enseignants doivent partir du collège Aubrac et faire le tour des 5 écoles du secteur, dans le quartier des Vernes et celui des plaines. "On fonctionne en collectif et pas seulement pour l'établissement", précise la porte-parole. Les enseignants du collège Lucie Aubrac réclament davantage de présence de psychologue scolaire et également "un nombre d'AESH suffisant" pour encadrer les élèves en difficulté. "On a 6 AESH (Accompagnant des élèves en situation de handicap) pour 22 classes avec en moyenne, 8 élèves en difficulté par classe", résume Gaëlle Devin. 

Une marche est prévue samedi 30 janvier, dans les rues de la ville pour porter les revendications des enseignants. 

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