Pierre et Leila, deux professeurs d'histoire-géographie et arts plastiques du collège Lucie Aubrac de Givors, ont annoncé leur intention de poursuivre leur grève de la faim pendant les vacances scolaires. Ils demandent toujours que leur établissement soit classé "Rep +". 

"Par notre action collective, par notre mobilisation, par notre grève de la faim, nous crions à la République à quel point nos élèves comptent pour nous. Nous voulons avoir les moyens de les accompagner, de les aider à grandir... et ce quoi qu'il en coûte".

Dans leur vidéo en date du 3 février, Pierre et Leila, professeurs au collège Lucie Aubrac de Givors (Métropole de Lyon), mettaient les points sur les "i" quant à leur détermination, intacte. Ce vendredi 5 février, veille des vacances scolaires, ces enseignants d'histoire-géographie et d'arts plastiques entament donc leur 11e jour de grève de la faim pour obtenir l'inscription de leur établissement dans le dispositif "Rep +".

Pour le rectorat, des moyens équivalents ont été fournis

Du côté du rectorat, on assure dans un communiqué leur avoir fourni des moyens "équivalents". Et de préciser que "au regard des mesures actées" dans cet établissement situé à Givors, entre Lyon et Saint-Étienne, "le mouvement engagé par les deux enseignants grévistes n'a pas de justification et plus de raison de se poursuivre".

Un procédé qui a mis en rogne les intéressés, très présents sur les réseaux sociaux Facebook et Instagram. Car selon eux, une réunion de négociations était alors toujours en cours avec la direction académique. Pour Pierre, l'un des deux grévistes de la faim, "cette façon de procéder est inacceptable, les collègues sont plus remontés que jamais".

Des profs agressés

Depuis le 25 janvier, avec sa collègue d'arts plastiques Leila M., il ne se nourrit que d'eau et de bouillons et tous deux passent leurs nuits dans le collège. "On sera toujours présent pendant les vacances", assure-t-il, avec le soutien d'un collectif.

Leur action a été déclenchée par une série d'agressions d'enseignants par des élèves. Mais elle s'inscrit dans une lutte ancienne pour que cet établissement de 540 élèves, qui fait partie d'un réseau d'éducation prioritaire (Rep), soit classé Rep+ pour obtenir des moyens supplémentaires.

Rep + ... peut-être en 2022

Le collège était éligible en 2015 mais la priorité a finalement été donnée à un autre dans l'académie, figeant la situation pour quatre ans. Le sésame était donc attendu pour 2019 mais la carte nationale de l'éducation prioritaire, en cours de refonte, ne changera pas avant la rentrée 2022.

Le rectorat assure que toutes les revendications ont cependant été satisfaites et que "l'établissement dispose aujourd'hui des moyens équivalents" à ceux d'un collège Rep+ dans l'académie, "rapporté à son nombre d'élèves" et à "contexte social comparable".

Et d'égrener les avancées : la création d'un demi-poste de conseiller principal d'éducation et un poste d'assistant d'éducation, l'engagement de respecter les seuils d'élèves par classe (25 en sixième, 26 en cinquième, quatrième et troisième), le ratio heures postes/heures supplémentaires revu et la dotation globale horaire "ajustée".

La balle dans le camp du ministère

Pierre l'affirme : "ce qu'on réclame vraiment, on ne l'obtient pas". En l'occurrence, une heure hebdomadaire de concertation entre enseignants, sur leur temps de travail, et l'ouverture d'une classe supplémentaire dès que le nombre d'élèves attendu pour la prochaine rentrée est au maximum. 

Les grévistes s'en remettent désormais au ministre de l'Éducation nationale, auquel ils ont demandé une audience.
"Les moyens supplémentaires engagés ne sont qu'un premier pas" et "n'apportent aucun soutien au personnel des écoles du réseau, également en grande difficulté", souligne le collectif Aubrac dans un courrier adressé à Jean-Michel Blanquer en lui demandant "un classement en urgence" en Rep+. Après déjà six ans d'attente, la rentrée 2022 leur paraît trop loin. 

Givors : les syndicats des professeurs du primaire multiplient les actions

C'est par un communiqué adressé vendredi 5 février dans l'après-midi aux rédactions que les syndicats d'enseignants du primaire (SNUIpp-FSU, SNUDI-FO, SUD) ont annoncé leur volonté de multiplier les actions et les prises de paroles pendant la période des vacances, en parallèle de l'action du Collectif Lucie Aubrac qui se veut le représentant de "l'ensemble des personnels du collège".

Bien que finalement reçus par le Directeur académique des services de l'éducation nationale (DASEN), ces professeurs du primaire estiment n'avoir "obtenu aucune garantie quant au label REP+ ni aux moyens supplémentaires demandés : journées de concertations, moyens RASED supplémentaires, classe de GS à 12 dès la rentrée 2021 et heures supplémentaires pour l’accompagnement des élèves."

Ainsi, samedi 5 février 2021 en matinée, une délégation rencontrera le député LREM de la 11eme circonscrition du Rhône Jean-Luc Fugit.

Mercredi 10 février, un rassemblement des enseignants aura lieu à 10h à Givors puis une demande d’audience auprès de l’Inspecteur de l’Education Nationale est prévue.

A partir de 14h ce même jour, enseignants et parents d’élèves se retrouveront devant la mairie où une rencontre avec la mairie de Givors sera organisée.

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