"Si j'étais témoin, j'aiderais" : à Monaco, des lycéens réalisent une fresque pour dénoncer le harcèlement scolaire

Il existe bien des façons d'évoquer le thème du harcèlement scolaire, encore faut-il avoir la force de parler. Ce qui n'est pas toujours simple. Et si l'art pouvait aider certains à s'exprimer ? Un artiste a été associé à un projet original, à Monaco, qui consiste à peindre des mots à l'aide d'un pochoir pour en faire une fresque.

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Une cour d'école bien vide, simplement pourvue de quelques tréteaux. Des bombes de peinture qui semblent avoir déjà bien servi. Et des pochoirs aux noms évocateurs : "silence, social, peace, protection, liberté".

Le ton est donné, tandis que l'espace se remplit d'élèves habillés en blouse pour la circonstance.

Choisir les bons mots

Anthony Alberti, un artiste venu des Alpes-Maritimes, est un peu le chef d'orchestre de cette opération dont le thème est le harcèlement scolaire. Sollicité par la Principauté de Monaco, il a tenu à participer car "le lycée, c'est une période un peu dure. On peut ressentir la pression d'autres élèves sur nos épaules. Pour moi, ça avait du sens de les faire peindre, qu'ils réalisent l'œuvre".

Dans un premier temps, 20 élèves de Première du lycée Albert Ier ont, avec leur professeur d'arts plastiques, réfléchi au thème du harcèlement à l'école. Puis, Anthony est entré en jeu pour proposer à chacun d'entre eux de choisir un mot pour en faire ensuite des pochoirs qui vont constituer une grande fresque.

Les élèves ont visiblement été séduits par cette façon originale d'aborder une question plutôt difficile.

Pour Daniela, élève en Première, ce thème est évocateur : "c'est vrai qu'on en parle beaucoup, je pense qu'il y a des élèves harcelés tous les jours, bon nombre de jeunes en sont victimes et ne sont pas reconnus dans leur situation de harcèlement".

À la question "a-t-elle été victime elle-même ?", la réponse est non. La jeune fille ajoute : "si j'étais témoin, j'aiderais la victime".

Ce n'est pas toujours facile de dire avec des mots ce qu'on ressent quand on a été harcelé.

Daniela, lycéenne monégasque

à France 3 Côte d'Azur

Sa camarade de classe, avec qui elle forme un binôme, estime que "cet exercice est une formidable opportunité. Ce n'est pas toujours facile de choisir les bons mots pour désigner ce qu'on peut ressentir quand on est harcelés, on a beaucoup réfléchi".

Fléau

Pour Anthony Alberti, travailler sur le harcèlement de façon artistique est intéressant "parce que les gens n'arrivent pas à poser des mots sur des actions ou des choses qu'ils ont pu vivre ou dont ils ont pu être témoins".

Habitué à collaborer avec des jeunes, l'artiste s'est demandé comment, à travers l'art, ils pouvaient faire passer un message : "l'idée première était de leur permettre de s'extérioriser, de s'exprimer et de les sensibiliser sur le fait que, quand on est témoins, on est un peu concernés, un peu coupable de poser les yeux sur une situation sans agir. Je fais toujours des projets humains dans l'idée de tendre la main aux autres".

Un sentiment largement partagé par Inès Bensalah, la responsable du pôle jeunesse à la Croix-Rouge monégasque. "Ce projet doit sensibiliser à travers l'art les élèves de la Principauté, collégiens et lycéens, sur un sujet qui est un fléau. On cherche à mettre de la couleur et de la beauté sur un sujet parfois dévastateur pour les familles et les futurs adultes."

Le harcèlement n'a pas d'odeur, ni de couleur.

Inès Bensalah, responsable du pôle jeunesse à la Croix-Rouge monégasque

à France 3 Côte d'Azur

Et d'ajouter : "on est tous unis contre le harcèlement scolaire avec l'engagement des établissements scolaires à Monaco. On veut faire avancer les choses en guérissant les cœurs."

Un numéro : le 3018

Pas de chiffres communiqués par Monaco sur le nombre de cas de harcèlements scolaires existants en Principauté. En France, ce phénomène touche 4% des lycéens.

Les autorités ont mis en place le 3018 pour, de façon anonyme, demander de l'aide.

D'ici quelques jours, les compositions réalisées avec les pochoirs permettront de réaliser une fresque qui devrait être exposée sur l'un des murs de l'école, comme un témoignage grandeur nature.

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