Surprenant mais vrai, à Charly, des maraîchers ont fait pousser plus de 8000 laitues d'une trentaine de variétés différentes. Le domaine de Melchior, dans les Monts du Lyonnais est une ferme expérimentale du CRBA (Centre de Ressources de Botanique Appliquée). Maraîchers et consommateurs ont été conviés pour sélectionner la salade "idéale".
Le domaine de Melchior, dans les Monts du Lyonnais, plus précisément à Charly, est une ferme expérimentale du CRBA (Centre de Ressources de Botanique Appliquée). Ici, sont sélectionnées les graines du futur. Maraîchers, professionnels de la restauration ou simple consommateurs, les participants de cette grande première sélection sont à la recherche des variétés de fruits et légumes adaptées au changement climatique ET disposant de bonnes qualités gustatives et nutritionnelles.
Un examen minutieux en plein champ
T-shirt, short et casquettes pour certains, les participants examinent les laitues.
"Celle-là, dit un homme à son voisin, tu as vraiment l’impression de tâter un petit chou". "Oui, acquiesce son voisin, celle-là, elle est vraiment belle, elle a une jolie couleur". Car pour cette sélection les participants ont chacun des critères qui leur sont propres.
Jeanne Souche fait partie du panel des consommateurs. Sous son chapeau rose à volants, elle admire une salade, "elle est toute gaufrée, elle est belle".
Quand on interroge sur les critères de cette fameuse salade parfaite, beaucoup répondent "la couleur... la couleur et la texture de la feuille". "J’aime bien les salades qui ont un aspect un peu frisé", dit ce consommateur.
Les agriculteurs eux regardent d'abord la montaison.
Sébastien Païs appartient, lui, au panel des maraîchers, "La montaison, c’est ça, dit-il en saisissant le cœur de la laitue, et les feuilles, les plus jeunes, c’est que la laitue, elle monte, et là elle va vous faire des graines".
Place à la dégustation
Pour la dégustation, les dernières salades ont été ramassées à la fraîche, sur la parcelle d'essai où elles ont poussé de façon biologique.
Une trentaine de variétés sont en lice, les batavias et feuilles de chêne appartenant toute à la grande famille des laitues.
"Laitue, ça vient de ça, explique Stéphane Crozat, ethnobotaniste directeur du CRBA (Centre de Ressources de Botanique Appliquée), il montre le cœur de la laitue tranchée, une espèce de latex. À l’état sauvage il y en a beaucoup. On les sélectionne depuis des milliers d’années. On cherche à ce qu’il y en ait de moins en moins, car c’est amer, très amer. Et en même temps, c’est cette amertume qui défend la laitue contre les attaques des insectes", détaille le spécialiste.
"Donc il faut trouver un équilibre dans la sélection des variétés entre quelque chose de mangeable, pas trop amer mais bien résistant aux maladies."
La dégustation se fait bien sûr, sans vinaigrette et les testeurs du jour doivent goûter toutes les laitues.
Une tâche loin de rebuter Florence Besoin, consommatrice enthousiaste de salade. "Il y a des goûts sucrés ou alors, il y a un arrière-goût amer. La nature nous offre de nombreuses variétés, avec des différences, pour un produit courant, accessible à tous et je trouve ça merveilleux."
Pour identifier les salades, pas de nom, seulement des numéros. Il faudra attendre l'analyse de l'ensemble des résultats pour savoir si la Craquante d'Ecully, la Grosse Brune Tête ou la Cressonnette du Maroc possèdent les qualités agronomiques et gustatives qui en feront des graines d'avenir.