Le sable du Sahara n'a pas fini de faire parler de lui: un épisode de pollution aux particules fines de niveau 2 est en cours sur la métropole de Lyon et une bonne partie de la région, d'où l'application de la circulation différenciée, mais les automobilistes n'étaient pas au courant.
La nouvelle est tombée hier, jeudi 25 février à 17h52 précisément, très tard donc pour prévenir efficacement les automobilistes de Lyon et de sa métropole : la préfecture instaure la circulation différenciée pour lutter contre les pics de pollution actuels. Seules les voitures disposant d'une vignette Crit'Air 0 à 2 peuvent circuler.
"Je viens de l'apprendre"
Ce matin dans les rues lyonnaises, la très grande majorité des automobilistes tombait des nues en apprenant la nouvelle. "Je n'étais pas au courant" nous dit un conducteur de camionnette: "Je n'ai pas encore la vignette, je l'ai commandée et je l'attends. C'est vous qui venez de me l'apprendre, je vais garer mon camion alors."
Une voiture électrique passe devant nous: "Peut-être que ça me pose moins de problèmes que quelqu'un qui roule en essence. Mais moi je n'étais pas au courant."
Une automobiliste, seule au volant, s'est engagée sur l'autoroute: "Je viens de l'apprendre sur le panneau à l'entrée de Lyon sur les quais. C'était écrit vignette 1, 2 et 3, ou 0, 1 et 2, je ne sais plus... Mais je ne savais pas, je l'ai appris en arrivant sur Lyon." Heureusement pour cette dame elle dispose d'une vignette Crit'air 1, pas de soucis pour rouler donc. Mais la confusion règne clairement dans la diffusion de l'information.
"Nous on doit rouler"
Un livreur nous interpelle: "Nous on doit rouler, si on ne peut pas rouler, il n'y a pas de travail?!"
"On n'est pas au courant" nous dit un autre automobiliste, "merci pour l'info". Et vous avez quelle vignette vous ? "Je ne sais même pas" répond-il en souriant.
"Un épisode de pollution important"
Sur Lyon, Villeurbanne et Caluire, mis à part quelques grands axes, seules les voitures disposant d'une vignette 0, 1 et 2 peuvent circuler. La vitesse maximale est également abaissée. Les vignettes Crit'Air 3 ne peuvent pas circuler aujourd'hui, car l'alerte pollution est de niveau 2, ce qui les exclut à cause de l'intensité des micro-particules et notamment les PM10 en circulation dans l'air.
Thierry Suquet, le préfet délégué du Rhône pour la défense et la sécurité, nous affirme que la diffusion de l'information ne pouvait pas être communiquée plus tôt : "Nous sommes confrontés à un épisode de pollution important, qui nous amène à déclencher une alerte de niveau 2. Ce n'est pas pris dans l'urgence, ça a été pris après une série de consultations et après plusieurs jours d'épisodes de pollution."
Il précise faire le maximum pour communiquer: "On passe l'information sur les réseaux sociaux. On prend au fur et à mesure du temps de l'affichage sur les panneaux lumineux, on fait de l'affichage dans les transports en commun, on va inciter. On s'inscrit dans un épisode qui a commencé il y a quelques jours, qui va durer. On informe au cours de la journée, on met en oeuvre. L'objectif c'est de diminuer progressivement les pollutions provoquées par l'activité industrielle, agricole et humaine. On est très soucieux de prendre nos responsabilités, on appelle aussi les gens à ne pas faire d'activités physiques intenses."
Cet épisode de pollution est encore prévu pour 2 ou 3 jours selon les évolutions de la météo. Aujourd'hui aucune amende n'est prévue, seule la pédagogie est appliquée. Les choses devraient être plus sérieuses à partir de demain, samedi, dès le matin.
Pour le laboratoire Atmo Rhône-Alpes, il s'agit de particules situées sur le Sahara, qui remontent jusqu'en France. Marie-Blanche Personnaz, la directrice générale du laboratoire pour la région: "Ce sont des épisodes qui se produisent assez régulièrement au printemps, mais là on a un épisode particulièrement long. C'est un épisode très intense, comme on l'a rarement vu. On a atteint 2 fois et demi la valeur du seuil à partir duquel on déclenche des actions et des informations. Dans certaines régions, on a eu des valeurs qu'on n'avait pas vues depuis 10 ans."