Abandon du projet de téléphérique lyonnais, les réactions se multiplient

"Un beau gâchis", "tout ça pour ça", "un échec", "une victoire" "un soulagement", un crash" que l'on soit pour ou contre, les qualificatifs ne manquent concernant la décision d'abandon du projet de téléphérique à la lyonnaise. Retour sur des mois de tergiversation, de concertation et d'incompréhension.

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Porté par les écologistes, à la tête de la métropole de Lyon depuis près de deux ans, ce projet était devenu le phare de la politique souhaitée par la nouvelle majorité. Un projet qui se voulait un "marqueur" de la politique écologiste à Lyon.

Un projet de transport par câble qui aurait relié le centre-ville de Lyon à l'Ouest de sa banlieue. Plus de 6 Km, 25 minutes de transport (contre le double en voiture individuelle), 18 à 20 000 voyageurs/jour et 160 M° d' € de budget.

La concertation n'avait pas débuté qu'elle était déjà critiquée. "Problème de méthode" pour les uns, "pas de prise en compte des avis des habitants" pour les autres. Et un constat cinglant de la part de l'ex-présidente du SYTRAL (Syndicat des Transports de l'Agglomération Lyonnaise) Fouziya Bouzerda (MODEM) : "l'adhésion à un projet, ça se construit. Il y a le temps du projet, celui de son évolution et celui de son acceptation, la concertation vient après". Selon cette experte des transports en milieu urbain, cet abandon rime avec camouflé pour la majorité actuelle.

C'était la chronique d'une mort annoncée ce projet

Fouziya Bouzerda, ex-présidente (Modem) du SYTRAL

Selon elle, les nouveaux élus ont voulu allé trop vite. "Vous ne faîtes pas voter un projet qui n'a pas encore été concerté". Car la majorité lyonnaise avait déjà ses plans. Plusieurs "fuseaux" ont été proposés à la concertation publique. Problème : ils passaient quasiment tous au-dessus de propriétés déjà existantes.
Lors de notre reportage à Toulouse - où le téléphérique sera inauguré ce vendredi 13 mai- l'un des ingénieurs en charge du projet expliquait "le modèle toulousain ne peut s'appliquer à Lyon, car ici : on ne survole aucun bâti". Pour Fouziya Bouzerda, ce revirement s'apparente à un "crash".

La mobilisation citoyenne a payé

Philippe Telep, membre du bureau "Touche pas à mon ciel"

Des oppositions se sont manifestées dès le début. Dès la présentation des fuseaux, des stations et des dessertes. Un collectif "Touche pas à mon ciel" a commencé à rassembler les riverains des zones impactées. Et l'impact semblait bien réel : des pylônes (entre 6 et 15 selon les tracés retenus) et des hauteurs (entre 50 et 100 mètres, plus haut que la basilique de Fourvière). Argument suffisant pour rassembler les opposants au projet. Tous les week-ends, ils manifestaient. "Nous sommes heureux de constater que la métropole a pris conscience du refus des riverains à ce projet, on souhaite maintenant travailler aux solutions alternatives de dessertes de notre secteur". 

Car l'enjeu est là maintenant. Si les solutions existaient pour améliorer la circulation dans ce secteur de la métropole lyonnaise, il faudra trouver les bonnes alternatives au transport par câble. Améliorer les fréquences des bus, renforcer les horaires de passage du tram-train (un RER à la lyonnaise) et pourquoi pas créer un réseau "hybride" : mélange de bus et de tramway.

On a perdu deux ans et beaucoup d'argent

Véronique Sarcelli, maire (LR) de Ste-Foy-lès-Lyon

La maire de Sainte-Foy-lès-Lyon est satisfaite. "Une victoire" selon elle. La mobilisation citoyenne a payé. Elle avait organisé avec d'autres maires concernés, un référendum sur sa commune. Plus de 90% de la population s'était prononcée contre le projet de téléphérique. "Il faut maintenant travailler aux vraies problématiques, le métro est La solution". Car le projet n'est pas -encore- enterré ! Mais il est couteux.

160 millions d'€ pour le téléphérique, plus d'un milliard pour le métro !

La desserte de ces banlieues à l'ouest de Lyon est un handicap. Le Rhône à traverser, des autoroutes à enjamber, des collines à traverser, des territoires à préserver. 

Je pense que c'est effectivement un échec, un échec collectif

Jean-Charles Kohlhaas, Vice-Président du SYTRAL

Il y croyait, lui. Jean-Charles Kohlhaas (EELV) est un fin connaisseur des problématiques de mobilités. Ce mode de transport qu'est le téléphérique est peu connu en ville. Toulouse et Brest ont tenté l'aventure. Mais avec des problématiques bien différentes. 

Téléo, le téléphérique de Toulouse s'est construit sur un espace naturel, sans habitat. Il aura juste fallu déplacer une station pour qu'elle ne vienne pas empiéter dans la cour d'un lycée. Quant à Brest, quelques maisons particulières occupées par des marins de haut rang, ont obtenu que les vitres des cabines soient occultées.

Alors, oui : "c'est un mode de transport innovant qui inquiète parce qu'il est nouveau".
Selon lui, les populations n'étaient pas prêtes. "Nous avons entendu la population, une concertation c'est discuter et pas imposer".

Mais voilà : dans ce secteur de la métropole de Lyon, la mobilité est un enjeu crucial. Le syndicat des transports en commun lyonnais se retrouve en conseil d'administration ce lundi 16 mai pour proposer d'autres alternatives au projet de téléphérique. Définitivement oublié et enterré !

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