Le vol Aigle Azur à destination d'Oran, départ initialement prévu à 23 h 45, ce vendredi, ne décollera pas de Lyon-Saint-Exupéry. Les autres vols de la journée auront lieu, mais ce seront les derniers pour la compagnie, en redressement judiciaire. La plateforme lyonnaise était son 2è hub en France.
Sétif, Oran, Constantine, Alger : chaque jour, Aigle Azur assurait 4 allers-retours entre Lyon et ces villes d'Algérie. Cela faisait de Saint-Exupéry, la principale base de la compagnie en province, son deuxième hub après celui de Paris-Orly.
A partir de ce vendredi, avant minuit, plus aucun avion portant l'aigle bleu ne décollera de Lyon. Comme partout ailleurs en France, Aigle Azur, qui emploie 1.200 personnes, a annoncé n'avoir d'autre choix que de clouer au sol l'ensemble de ses appareils. En redressement judiciaire, la compagnie doit trouver un repreneur d'ici à lundi pour ne pas disparaître.
Un formulaire de réclamation
Présent à Lyon depuis sa création en 2001, Aigle Azur avait récemment eu de grosses ambitions en tentant de concurrencer Air France et EasyJet avec une ligne Lyon-Nantes, lancée le 28 octobre 2018. Mais cette expérimentation avait tourné court.Aujourd'hui, la brutale cessation d'activité se fait sans dédommagement pour les clients, car toute sortie d’argent est gelée. La compagnie met toutefois à disposition des passagers lésés un formulaire de réclamation à adresser à l'administrateur judiciaire.
Pas de quoi rassurer les clients de "Salam Tours", dans le 3è arrondissement de Lyon. Depuis qu'ils ont appris que les billets Aigle Azur ne valaient plus rien, "ils se précipitent à la boutique ou appellent en panique", raconte l'un des cadres de l'agence de voyage. "Ils veulent être remboursés, mais je ne suis qu'un intermédiaire."
Des Lyonnais bloqués en Algérie
Le professionnel n'est pas très optimiste et conseille à sa clientèle de "tourner la page". "En cas de liquidation judiciaire", estime-t-il, "les voyageurs seront les derniers remboursés. Les salariés, le fisc et les gros créanciers passeront avant et, avec des avions en leasing, il ne restera plus rien pour indemniser les gens."
Ce qui l'inquiète le plus, ce sont les clients partis en Algérie et qui sont sans solution de retour. Le commerçant en a recensés une vingtaine : une mère de famille dont les enfants ont raté la rentrée scolaire, et des couples de retraités qui après 3 mois passés "au pays" se retrouvent coincés.
Seul espoir, maintenant : une reprise des lignes d'Aigle Azur par d'autres compagnies. Air France, Transavia, Vueling... Peu importe, pour les spécialistes du voyage, pourvu que l'on ne retourne pas à un monopole d'Air Algérie qui ferait automotiquement remonter les prix des vols.