Le lyonnais, Mourad Benchellali, a été interpellé par la police aux frontières qui l'a arrêté dès son arrivée à l'aéroport canadien. Son nom apparaît sur une liste d'interdiction de survol des Etats-Unis et, selon les autorités locales, il représenterait une "menace à la sécurité nationale".
Plus de dix ans après sa libération, Mourad Benchellali reste indésirable outre-Atlantique. Le Français, détenu entre 2001 et 2004 dans la prison militaire américaine de Guantanamo, a été arrêté, lundi2 novembre, lors de son arrivée à Toronto (Canada), a indiqué son avocat William Bourdon. Il devait participer dans cette ville à une conférence sur la prévention de la radicalisation des jeunes musulmans français, comme il en a désormais l'habitude.
Interdit de survol du ciel américain
Selon Radio-Canada, les services frontaliers canadiens ont estimé que Mourad Benchellali représentait toujours une menace à la sécurité nationale. L'avocat a précisé ne pas savoir où était retenu son client, qui figure sur la "no fly list" américaine, la liste d'interdiction du survol des Etats-Unis.
Mourad Benchellali avait déjà été exclu d'un vol Lyon-Montréal en juin( voir notre article lien) précisément parce qu'il aurait survolé l'espace aérien américain. Il s'était alors dit étonné d'apprendre que son nom figurait sur la liste des passagers interdits de vol aux États-Unis. "Je me déplaçais pour faire de la prévention. Je raconte mon histoire. Le but est de dissuader les jeunes d'aller dans les dérives", avait-il alors dit.
Les organisateurs de la conférence à laquelle il devait participer avaient cette fois veillé à ce que son avion passe par l'Islande afin d'éviter pareille déconvenue.
"L'absurdité est totale. Voilà un homme qui dédie désormais une partie de sa vie à la déradicalisation, à agir au soutien des jeunes Français qui rentrent de Syrie et qui sont désireux de réinsertion, et qui se trouve interdit de poursuivre son travail au Canada au seul motif que son passage à Guantanamo en fait un suspect éternel", s'est indigné Me Bourdon. "Cette liste américaine d'interdiction de survol, en elle-même, et en raison de son caractère extra-territorial, méprise tous les principes fondamentaux du droit international", a-t-il poursuivi, précisant avoir mandaté un avocat canadien pour pouvoir entrer en contact avec son client, dont il est sans nouvelles depuis lundi.