Entretien : un témoin entendu par la Police Judiciaire de Lyon après l'attaque d'un prêtre orthodoxe

Jean-Michel Dhimoïla, a été entendu comme témoin par la Police Judiciaire de Lyon après l'attaque d'un prêtre grec orthodoxe à Lyon le 31 octobre 2020. "Je ne corresponds pas à la description du suspect", affirme-t-il. Joint par téléphone, il s'explique sur ses relations avec la victime. 
 

 

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Ce lundi 2 novembre, un homme de 50 ans a été entendu par la Police Judiciaire de Lyon sur l'attaque de Nikolaos Kakavelakis, Pope de la communauté orthodoxe grecque de Lyon.  Les enquêteurs ont perquisitionné son domicile et enregistré son témoignage :  "je m'y attendais" explique-t-il calmement lors d'un entretien téléphonique. Visé par de nombreuses accusations sur internet, il accepte de s'expliquer dans la presse pour tenter de lever les soupçons. "Je ne corresponds pas à la description du suspect", un homme grand, d’une vingtaine d’années. Jean Michel Dhimoïla, lui, mesure 1m70, et est âgé d’une cinquantaine d’années.  

Lorsqu'il a essuyé plusieurs coups de fusil, le père Nikolaos Kakavelakis a dit aux secouristes qu’il ne connaissait pas son agresseur. Or lui et Jean-Michel Dhimoïla se connaissent. Ou plutôt, se confrontent depuis plusieurs années. Membre de la communauté grecque orthodoxe de Lyon, Jean Michel Dhimoïla a, depuis 8 ans, dénoncé les méthodes de gouvernance de Nikolaos Kakavelakis.

Un "lanceur d'alerte" condamné pour calomnie

Jean-Michel Dhimoïla se présente comme un lanceur d'alerte, mais il a été condamné pour "dénonciations calmonieuses" par le Tribunal correctionnel de Lyon en décembre 2018. L’ancien moine avait alors écopé d’une amende de 1.000 € et d’1€ symbolique de dédommagement, pour avoir écrit au à l'ambassade de Grèce en accusant N.Kakavelakis d'avoir détourné des fonds de la Communauté hellénique et en joignant des actes de ses propriété en Allemagne. 


J-m.Dhimoïla a dénoncé à plusieurs reprises  des "malversations financières et de comportements douteux avec certains fidèles" notamment sur son blog. Représentant officiel de la communauté grecque orthodoxe à Lyon, Nikolaos Kakavelakis, lui avait alors interdit l'accès de l'église. Une vidéo de lui, le repoussant à coups de pied d'un cours de grec dans la salle paroissiale, circule sur les réseaux sociaux. Le prêtre avait alors été condamné à verser 200 euros de dommages et intéret pour préjudice moral. 
 

Décrit par les uns comme très à l’écoute et serviable, et par les autres comme autoritaire et compulsif, le père Nikolaos semble cristalliser des tensions au sein de cette communauté grecque orthodoxe de Lyon.  
D’après le Métropolite Emmanuel Adamakis, président de l'Assemblée des Evêques orthodoxes de France, le père Nikolaos aurait demandé à repartir en Grèce sans préciser pour quelle raison.


Selon le prêtre de la paroisse Saint-Georges de Grenoble, Nikolaos Kakavelakis avait bien déposé sa démission il y a un mois pour "raisons familiales" auprès de cette juridiction de l'Église orthodoxe. 
Mais les versions se contredisent et d'après Jean Michel Dhimoïla : "Le supérieur hierarchique du père Nikolaos avait décidé de le révoquer, pour des faits graves. Depuis plusieurs semaines il ne se présentait plus aux offices et d'autres prêtres venaient le remplacer." 

Une vengeance qui n'aurait rien à voir avec la paroisse ?

Alors que plusieurs pistes d’un éventuel règlement de compte sont étudiées par les enquêteurs, Jean-Michel Dhimoïla dénonce l’inexactitude des faits présentés dans un premier temps par certains médias. 

On a parlé d’un prêtre attaqué devant son église, mais il n’officiait plus depuis cinq semaines et on lui a tiré dessus, non pas à l’entrée de l’église, mais derrière celle-ci, au niveau de la porte de son logement de fonction.

Jean-Michel Dhimoïla n’écarte pas “la possibilité d’une vengeance qui n’aurait rien à voir avec la vie de la paroisse”. En plein contexte d’attaques terroristes multiples sur le sol français, cette tentative d’assassinat a résonné avec les drames de Nice et de Conflans-Saint-Honorine.  
Après l’interpellation d’un premier suspect, mis hors de cause et hospitalisé pour des raisons psychiatriques, puis l’audition de ce témoin, l’enquête de la Police Judiciaire de Lyon se poursuit. Et le parquet anti-terroriste n’a pas été saisi de cette affaire.  

Fake news sur les réseaux sociaux 

Jean Michel Dhimoïla, certes en conflit avec le prêtre depuis plusieurs années, fait l'objet de nombreuses accusations infondées sur les réseaux sociaux. Il est clairement présenté comme l'assaillant sur des dizaines de comptes Twitter. Une fausse information qui a pris une tournure politique puisque Jean Michel Dhimoïla s'est présenté aux élections législatives en 2017 sous les couleurs du parti Debout la France de Nicolas Dupont Aignan.

L'ancien moine a largement été présenté comme coupable et militant d'extrême-droite y compris par Jean Luc Mélenchon de la France Insoumise. Nicolas Dupont Aignan a dénoncé "une opération de désinformation ignoble". Un retentissement politique et même géopolitique, puisque plusieurs sites étrangers notamment turcs ont également diffusé ces "fake news" poussant le principal intéressé à s'expliquer dans la presse. 

Deux jours après la tentative d'assassinat de Nikolaos Kakavélakis, les enquêteurs n'exluent ni la thèse d'un règlement de compte, ni certaines pistes de sa vie personnelle. Le Pope a été reopéré le 2 novembre 2020. Son état de santé serait toujours critique, mais "il s’en sort" selon un membre actif de l’association hellenique

 
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