L'A7 avait été bloquée hier matin dès 7h30 dans les deux sens au niveau du péage de Vienne. Un mouvement pour "le soutien au peuple arménien du Haut-Karabakh". Des heurts ont vite éclaté avec des Turcs de la région. Ils se sont poursuivis tard dans la nuit jusqu'à Decines, dans la banlieue de Lyon
Tout a commencé dès 7h30 le mercredi 28 octobre par un blocage au niveau du péage de Vienne en Isère, provoquant d'énormes bouchons en direction de Lyon et de Marseille.
Les manifestants , entre 300 et 400 personnes, ont expliqué manifester en raison " de la crainte qu'un deuxième génocide soit en train de se reproduire en Arménie. " On veut que ça s'arrête. On veut la paix ", a dit l'un d'entre eux à l'AFP.
" On n'est que trois millions en Arménie et on se bat contre trois pays, la Turquie, l'Azerbaidjan et la Syrie - sans compter les Israéliens qui fournissent les drones » servant à bombarder les positions arméniennes, a dénoncé ce manifestant, alors que d'autres scandaient derrière lui « reconnaissance ! ».
Depuis fin septembre, de nouveaux combats, les plus sanglants depuis un quart de siècle, opposent Azerbaïdjanais et séparatistes du Haut-Karabakh. Cette région montagneuse du Caucase, peuplée d'Arméniens, a proclamé en 1991 son indépendance, qui n'est pas reconnue par la communauté internationale.
Sur l'A7, le blocage a rapidement dégénéré en affrontements, avec des membres de la communauté turque des environs. Bilan, selon la préfecture de l'Isère, quatre blessés, dont une personne plus sérieusement à coup de marteau.
D'importants moyens avaient été engagés par les forces de l'ordre qui ont dispersé les manifestants un peu après 9 heures.
Les affontements se poursuivent à Vienne, puis à Décines, dans la banlieue de Lyon
Après l'autoroute A7, le terrain d'affrontements entre les deux communautés s'est étendu dans le nord du département. "Une cinquantaine de véhicules de la communauté turque ont été signalés par le Centre d'opérations et de renseignement de la gendarmerie sur la commune de Roussillon ".
A 19h30, près de 250 personnes ont bloqué la circulation en centre-ville, et défilé vers la place de l’Hôtel de ville en scandant des slogans anti-arméniens.
Une dizaine de tirs de mortiers ont été lancés sur les véhicules de Police en sécurisation. Ils n'ont pas fait de blessé, mais ont atteint la vitre arrière d'une des voitures. Les policiers ont répliqué avec un tir de LBD.
Ça soir, à #Vienne, des #Turcs mènent une expédition punitive à la recherche d’#Armeniens, dans la ville.
— Commissaires de police - SICP (@SICPCommissaire) October 28, 2020
Ils croisent et agressent un équipage de la @PoliceNat38.
Nos collègues ont encore fait preuve de sang-froid et de courage face à 150 individus surexcités.#confinement pic.twitter.com/WYizppJHwk
Ce n'est qu'à 20h45 que l’ensemble des manifestants a quitté la commune de Vienne, avec l'intention cette fois de se rendre à Décines, dans la banlieue est de Lyon.
"Une expédition punitive à Décines, pour en découdre"
"Une expédition punitive, visiblement organisée par les nationalistes turcs des Loups Gris, décidés à en découdre avec des Arméniens", comme en témoignent nombre de videos amateurs twittées par des riverains, dans les rues du centre-ville, ils ont scandé des slogans pro-Erdogan et des menaces en direction des Arméniens. "Allah Akbar", "Vous êtes où les Arméniens ?!"
Oui ça se passe actuellement en France et non, nous ne sommes pas en 1915 dans l’empire Ottoman à la veille du génocide arménien. Comme vous pouvez le voir la haine de l’arménien est encore très présente chez les jeunes nationalistes turcs.... A condamner! #PeaceforArmenians pic.twitter.com/l4UOVNG17k
— س (@sarinemfk) October 28, 2020
Un important dispositif policier avait été mis en place et les attendait "avec 101 fonctionnaires déployés sur zone dans le but de rétablir l’ordre républicain" selon la préfecture du Rhône.
À la demande du préfet, les forces de l’ordre sont intervenues à Décines pour rétablir l'ordre suite à un regroupement illégal d’individus issus de la communauté turque, désirant ostensiblement en découdre avec des personnes d’origine arménienne. Le calme est revenu. 1/2
— Préfet de région Auvergne-Rhône-Alpes et du Rhône (@prefetrhone) October 28, 2020
?Decines, France
— س (@sarinemfk) October 28, 2020
Les loups gris sont de retour en train de crier « Ici c’est la Turquie » dans les rues de France. #PeaceforArmenians #StopTurkeyAggression pic.twitter.com/mkEUZE2Jbv
Au total, 19 véhicules ainsi que "l’intégralité des protagonistes ont été contrôlés" selon les services de l’Etat. 65 personnes ont écopé d’une amende pour non-respect du couvre-feu. Le calme est finalement revenu vers 23h.
"Les tentatives d’intimidation et les actions communautaires hostiles n’ont pas leur place dans la République" a réagi dans la nuit le préfet du Rhône Pascal Mailhos.
"La chasse à l'Arménien n'a pas sa place dans la République" a déclaré la députée LREM du Rhône, qui revient de mision en Arménie. Elle annonce par ailleurs que la LICRA allait saisir la justice.
Je condamne avec la plus grande fermeté les rassemblements violents anti-arméniens qui se sont déroulés hier à Décines...
Publiée par Danièle Cazarian sur Jeudi 29 octobre 2020